"La tendance actuellement dans le secteur est au regroupement de structures", selon Cécile Lagarde, directrice du pôle Formations management-projet à l'Institut régional supérieur du travail éducatif et social (Irtess) de Bourgogne.
Un mouvement qui entraîne la mutation de certaines fonctions, notamment au niveau des directions des établissements et services, avec le risque d'un éloignement des professionnels par rapport au terrain et aux missions confiées aux organisations. Mais cette évolution est-elle synonyme de perte de sens pour les professionnels concernés ? Quelques éléments de réflexion.
En fonction du cadre et du degré de responsabilité, les directeurs peuvent certes connaître des "réalités quotidiennes très différentes", par exemple entre les dirigeants du seul établissement d'une association et les directeurs généraux de structures gestionnaires de plusieurs sites.
Une diversité normale dans un secteur qui compte pas moins de 35 120 établissements employeurs environ, selon le bilan 2018 de l'emploi associatif sanitaire et social, réalisé par le centre de ressources DLA).
Pour autant, "il est fondamental que les directeurs incarnent les missions qui leur sont confiées, pour l'accompagnement de personnes vulnérables", estime Cécile Lagarde, mais aussi que "le directeur général soit porteur d'une identité cohérente avec les valeurs de son organisation". Un positionnement gage, selon elle, de la qualité de la prise en charge des personnes accueillies aussi bien que des conditions de travail des salariés.
Encore faut-il pour ce faire que le directeur soit bien "aux commandes de l'avion", souligne Daniel Carasco, directeur d'une maison d'enfants à caractère social (Mecs) à Nîmes. Il s'inquiète en effet d'un "délitement des responsabilités", certains de ses collègues se retrouvant dépourvus de pouvoir, voire remplacés par des chefs de service, avec pour conséquence "des dysfonctionnements graves de gouvernance".
"Comment piloter un établissement quand on ne maîtrise ni la DRH, ni l'investissement, ni si peu du reste…", s'interrogeait-il d'ailleurs, en tant que président de l'Association des directeurs et cadres de direction du secteur social, médico-social et sanitaire (ADC), dans un article publié dans la revue "Les Cahiers de l'actif" de mars 2018. Ce numéro était consacré à un dossier intitulé "Les directeur(rice)s d’ESSMS des 'fusibles' sous (haute) tension… en quête de marge de manœuvre ?".
Par ailleurs, le renforcement de "fonctions supports" lié au mouvement de concentration à l'œuvre dans le secteur entraîne, dans certaines organisations de taille, le recrutement de personnels de direction venant de domaines parfois totalement étrangers au social ou au médico-social (banques, écoles de commerce…), dont on peut supposer qu'ils ne partagent pas les principes.
Pas forcément, nuance François Noble, directeur de l'Association nationale des cadres du social (Andesi), qui considère que ces salariés font souvent ce choix en conscience, par attrait pour les valeurs portées par le secteur social.
En revanche, le risque de perte de sens serait plutôt lié, selon lui, aux "fortes pressions budgétaires et réglementaires" qui pèsent sur les organisations, et ce d'autant plus "si les directeurs ou les directrices ne se sentent pas associés par leur direction générale ou leur conseil d'administration aux réflexions stratégiques", les conduisant à avoir "le sentiment de n'être que des exécutants".
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Les articles :
"Les directeur(rice)s d’ESSMS : des 'fusibles' sous (haute) tension... en quête de marge de
manœuvre ?", Les Cahiers de l'actif n° 500-503, janvier-avril 2018, 25 €.
Bilan 2018 de l'emploi associatif sanitaire et social, Uniopss, CRDLA, Recherches et solidarités.
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