Après une carrière bien remplie, Christian Toullec pourrait prétendre à la retraite mais il préfère rester en activité pour "le plaisir de la transmission". C'est ainsi qu'il conseille volontiers ses (futurs) collègues directeurs, lui qui a pris son premier poste à la tête d'un établissement il y a 30 ans, à une époque où "l'hôpital commençait à fermer des lits et le médico-social à se développer".
"Il y avait tout à inventer, tout était possible !", se souvient-il avec enthousiasme. Dans ce mouvement, il initie notamment l'ouverture d'une vingtaine d'établissements dédiés à des personnes souffrant de maladies psychiatriques.
Après cette expérience "extrêmement formatrice" mais très prenante, il "se pose" à l'Œuvre Falret où "il crée, reprend et redresse des établissements".
Fort de son expérience, il recommande en premier lieu, aux directeurs qui entrent en fonction, de bien analyser la situation : est-on attendu comme "le sauveur" après une période de crise ? Ou, au contraire, succède-t-on à un directeur apprécié de ses équipes ? Ce dernier cas étant d'ailleurs, selon Christian Toullec, "le plus complexe, celui qui demande le plus long temps d'adaptation".
Quoi qu'il en soit, le nouveau venu doit s'attendre à "être testé sur ses limites" et éviter "de s'imposer en mode bulldozer", le secteur médico-social étant "certainement le secteur le plus réfractaire au changement".
Dès son arrivée, le dirigeant a aussi intérêt à "installer une équipe de direction, pour que chaque décision soit celle de la direction et non du directeur". De même, il doit "vérifier que chacun est bien à sa place, déceler les compétences", indépendamment du diplôme.
Devenu, de son propre aveu, "plus souple" avec l'âge et "plus à l'aise avec la prise de risques", Christian Toullec regrette souvent de croiser de nouveaux diplômés "terrorisés à l'idée de sortir d'un cadre ultra-sécurisé".
Il conseille d'ailleurs vivement aux jeunes directeurs de changer régulièrement d'établissement pour se renouveler et pour se nourrir de nouvelles relations. Il plaide ainsi pour que les salariés changent d'équipe tous les trois ans environ, "afin de lutter contre la routine, qui sclérose".
Changer d'environnement professionnel permet aussi de trouver "son public" car, selon lui, il "n'y a pas de mauvais directeurs, il n'y a que des directeurs qui ne sont pas à la bonne place".
"Un directeur n'est pas propriétaire de sa fonction, il en est dépositaire", aime enfin à répéter Christian Toullec, en précisant qu'il "ne doit pas être dans la représentation de la fonction mais l'incarner par ses paroles, et encore plus par ses actes". Et notre expert d'ajouter : "On sait que l'on a bien fait quand l'établissement tourne sans vous !".
Une ambition qui passe, dans le secteur social et médico-social, par "prendre soin de son personnel, qui sera alors en mesure de prendre soin du public". Lui-même a, par exemple, mis en place des séances de pédicure ou des soins esthétiques pour ses équipes. Car "les métiers du médico-social sont usants, mal-payés et peu valorisés", rappelle-t-il, et "il faut soigner l'image de soi" pour bien remplir cette mission.
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