Si faire face au décès d'un résident ou d'un usager est relativement fréquent en établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) ou en service d'aide à domicile, cela reste une épreuve, parfois difficile à traverser.
Comment garder la fameuse distance professionnelle, être empathique avec la personne en fin de vie, ses proches, les autres résidents, sans se laisser submerger par ses émotions ? A-t-on été à la hauteur ? Est-ce normal d'éprouver du chagrin ? Des questions légitimes trop souvent passées sous silence, qu'il vaut mieux ne pas éluder.
"Un deuil, tout le monde en vit mais personne ne connaît véritablement le processus, les différentes étapes, les risques de complication, les impacts sanitaires, sociaux et économiques", constate Marie Tournigand, déléguée générale de l'association Empreintes qui organisait, en avril 2019, des assises du deuil.
"Les professionnels du secteur social et médico-social comme bien d'autres manquent de formation. Il existe trop rarement des protocoles qui détaillent la marche à suivre lorsqu'un usager décède", regrette cette ancienne assistante sociale qui a exercé en service de réanimation à l'hôpital.
Selon elle, l'idéal serait donc de former un référent deuil au sein de chaque structure ou service social et médico-social.
Il serait également profitable de formaliser les pratiques en matière d'annonce des décès aux autres résidents et au reste de l'équipe, mais aussi d'organiser des temps d'échanges pour les professionnels les plus touchés et les résidents proches de la personne disparue, dans les trois à six mois suivant le décès.
"On a parfois l'impression que le deuil est quelque chose d'intime mais c'est tout le contraire", souligne Marie Tournigand. "Il est nécessaire de permettre aux gens d'en parler".
Au sein de la Fondation Œuvre de la Croix Saint-Simon – qui gère un Ehpad, un SSIAD, un service d'HAD mais aussi le Centre national des soins palliatifs et de la fin de vie –, des ressources ont été mises en place pour accompagner les professionnels régulièrement confrontés au deuil.
"Les soignants peuvent faire part de leurs difficultés collectivement, au sein de groupes de parole, ou de façon individuelle et plus informelle en interpellant le psychologue référent de leur équipe ou, s'ils en ressentent le besoin, bénéficier d'un soutien de la part de la psychanalyste de la Fondation dédiée aux professionnels", témoigne Camille Baussant-Crenn, psychologue et responsable du service psychosocial de l'HAD.
Il faut enfin veiller à prévenir les situations d'épuisement professionnel qui peuvent survenir en cas de décès fréquents ou rapprochés, de circonstances particulières (mort brutale, suicide…), de réactivation d'un vécu personnel, de surcharge de travail…
Et ne pas hésiter à faire appel à une aide extérieure, le cas échéant, auprès de structures qui proposent des accompagnements spécialisés.
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