Un décret du 28 décembre 2018 précise les modalités d'expérimentation des dérogations au droit du travail, autorisées dans le cadre de la mise en œuvre du "relayage", dispositif de relais au domicile des proches aidants inspiré du modèle québécois de baluchonnage. Maude Favre, relayeuse, nous parle de son activité, encore balbutiante en France. Interview.
J'ai suivi des études en arts visuel et j'ai décidé de me tourner vers l'art-thérapie. J'ai engagé une formation dans ce domaine et cherché en parallèle un emploi proche du domaine du soin.
J'avais entendu parler du baluchonnage au Canada, où j'ai étudié. En regardant ce qui existait dans ma région [Rhône-Alpes], j'ai découvert le service Bulle d'Air que j'ai rejoint en octobre 2018. L'un des points positifs, c'est la souplesse : étant en formation, il fallait que j'aie un emploi du temps que je puisse moduler.
Le but de Bulle d'air est de permettre à l'aidant familial de s'accorder un moment pour lui, de prendre soin de lui. J'interviens dans ce cadre-là, en relais de l'aidant, sur des plages hebdomadaires de trois heures en occupationnel ou en présentiel, cela dépend.
Il y a, par exemple, une dame très âgée avec de multiples pathologies, très diminuée sur le plan physique et cognitif : parfois, il faut simplement être là pour recevoir les émotions qui peuvent surgir, sans forcément parler. D'autres jours, je peux faire des activités avec elle, discuter.
Avec une autre dame, qui a des pertes de mémoire immédiate et très peu de repères spatio-temporels, je suis beaucoup dans la répétition. Avec une autre encore, une Roumaine qui ne parle pas français, j'utilise d'autres moyens de communication qui passent par les gestes, l'intonation, la musicalité de la voix…
Pour chacune des personnes, j'ai une feuille de route qui explique sa situation, sa pathologie, ses déficiences (si elle est malentendante d'une oreille par exemple)…
Par ailleurs, la première rencontre avec l'aidant et la personne accompagnée est décisive : elle sert de base aux attentes de l'aidant et va me permettre d'observer la personne dans son environnement, de voir comment je vais créer le lien avec elle, quelle forme va prendre mon intervention.
Par exemple, il est convenu que j'accompagne l'une des dames régulièrement au cimetière. Avec une autre, je dois mettre en place des jeux de mémoire et des ateliers de motricité.
C'est un métier de relation – la création du lien est essentielle – mais aussi d'équilibre et d'adaptation parce que ce n'est jamais pareil : il y a des activités qui marchent très bien avec certaines personnes et qui ne fonctionnent pas avec d'autres, tandis qu'une personne très confiante un jour peut décider le lendemain de ne pas vous ouvrir la porte parce qu'elle ne vous reconnaît pas...
Par ailleurs, le fait de travailler avec des personnes qui peuvent être en fin de vie demande d'être à l'aise avec la question de la mort : certaines ont besoin d'en parler. De manière générale, il faut savoir être dans une écoute active. Et faire preuve d'empathie, également, dans une juste mesure.
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Joindre le service de répit Bulle d'air sur son site Internet – www.repit-bulledair.fr – ou par téléphone au 04 79 62 87 38.
Décret n° 2018-1325 du 28 décembre 2018 relatif à l'expérimentation de dérogations au droit du travail dans le cadre de la mise en œuvre de prestations de suppléance à domicile du proche aidant et de séjours de répit aidants-aidés (le relayage peut être proposé sur des périodes diverses, durant tout un week-end, la nuit…).
Rapport de l'ancienne députée Joëlle Huillier (Isère) "Du baluchonnage québécois au relayage en France : une solution innovante de répit" (mars 2017).
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