J'ai commencé ma carrière d'assistante sociale il y a 22 ans, déjà dans un centre communal d'action sociale, et sur les chapeaux de roue : le matin, j'étais en entretien d'embauche, l'après-midi, j'étais en entretien avec des personnes accompagnées !
J'ai passé une dizaine d'années dans ce CCAS, à Agde, avec une équipe assez étoffée, jeune et dynamique.
Je dirais qu'il m'a fallu ces dix ans d'expérience pour apprendre ce qui ne s'apprend pas en formation initiale.
Pour être plus sûre de moi, de mes choix, et ne plus terminer la journée dans le doute en me demandant : "Est-ce que j'ai bien fait ou dit ce qu'il fallait ?"
J'ai ensuite intégré le CCAS de la petite commune de Mèze [11 500 habitants, ndlr], pour avancer dans ma carrière et pour atteindre le grade d'assistante de service social principale [dans la grille de la fonction publique territoriale, ndlr].
J'y suis la seule assistante sociale et j'encadre une petite équipe pluridisciplinaire (avec une infirmière, des agents administratifs…). La contrepartie de cette évolution, c'est que ma charge administrative s'est alourdie et que j'ai moins de temps pour recevoir le public.
Le fait d'être la seule assistante sociale de l'équipe induit aussi une certaine solitude professionnelle. Je fais donc appel régulièrement au réseau des collègues des autres CCAS. Et je peux aussi trouver un appui technique auprès des travailleurs sociaux du département.
Au quotidien, j'ai les missions classiques d'une assistante sociale : s'assurer de l'accès aux droits, du maintien dans le logement…
Les priorités de notre CCAS sont liées aux spécificités de la commune : un centre-ville qui abrite des logements délabrés, un taux de chômage élevé, une part importante de personnes âgées, des difficultés de mobilité... Les institutions et services publics sont en général à une demi-heure de route, à Sète ou à Montpellier. Il faut essayer de pallier cet éloignement.
Mon quotidien est ainsi jalonné de rencontres qui me permettent de voir le monde tel qu'il est, et de garder ma sensibilité. Mais d'un autre côté, je reçois beaucoup de personnes en grande précarité avec des situations qui se répètent, et ça peut générer de la frustration.
Actuellement, j'ai une file active de 350 personnes et je donne des rendez-vous à six semaines, c'est difficilement tenable.
Il y a quelques années, j'ai passé le diplôme universitaire "Santé, solidarité, précarité" et cette formation a agi comme une soupape, elle m'a donné un second souffle. Depuis, je donne des cours à des élèves en BTS en travail social, c'est une autre façon de sortir de mon quotidien professionnel.
N.B. Cet entretien a été réalisé avant le confinement du printemps 2020.
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