Conseiller en économie sociale familiale (CESF) de formation, Alex Farieux est délégué aux prestations familiales à Rouen, en Seine-Maritime. Il est chargé des mesures judiciaires d'aide à la gestion du budget familial, et nous a raconté comment il travaillait.
Je suis conseiller en économie sociale familiale depuis octobre 2014, et j'interviens comme délégué aux prestations familiales à l'Udaf de Seine-Maritime, sur décision du juge des enfants dans le cadre de la protection de l'enfance.
La mesure judiciaire d'aide à la gestion du budget familial est trop peu connue, même des travailleurs sociaux. Pourtant, elle est très intéressante : ni tutelle ni curatelle, elle vise des personnes qui ont des difficultés à gérer leur budget mais qui ne présentent pas d'altération des facultés mentales.
Nous ne sommes mandatés que pour les prestations liées à l'enfant : les allocations familiales bien sûr mais aussi, par exemple, l'allocation d'éducation de l'enfant handicapé ou le RSA majoré, pour les parents isolés.
Je suis chargé de suivre 35 ménages – avec des profils très variés : des familles monoparentales, des couples, des familles étrangères, des parents avec des problèmes d'addictions… – que je rencontre une fois par mois, à domicile.
J'utilise une grille budgétaire que je remplis avec les parents : ils en gardent un exemplaire pour noter leurs dépenses du mois. Au cours du premier entretien, on regarde les factures, les impayés... Souvent, le cas le plus urgent, c'est le risque d'expulsion locative.
Au départ, la famille peut être fuyante. Mais au fur et à mesure des rencontres, la confiance s'établit.
La mesure est prononcée pour deux ans maximum mais elle peut être renouvelée aussi souvent que nécessaire, tant qu’il y a un droit aux prestations familiales ouvert. Dans mon service, quelques-unes durent depuis 10 ans... Certaines familles ont toujours besoin de soutien, d'un regard extérieur.
Mon poste est très autonome et dynamique. Je gère mon planning comme je l'entends entre les visites aux familles et les démarches administratives au bureau : instruire une demande d'aide sociale ou rédiger un rapport pour le juge, par exemple. Il m'arrive aussi d'assister aux audiences du juge des enfants : notre analyse compte, c'est appréciable.
Je travaille en réseau avec beaucoup de professionnels de différents domaines : le social et la justice mais aussi la santé, l'éducation...
Tous les enfants ne sont pas suivis par l'aide sociale à l'enfance mais, dans la quasi-totalité des familles, il y a une mesure éducative en cours, comme une AEMO, une action éducative en milieu ouvert. Du coup, on a parfois des rendez-vous communs avec leur éducateur, c'est important de tenir le même discours devant la famille.
De manière générale, le contact avec les familles est très enrichissant, on apprend beaucoup des autres même s'ils sont en difficulté.
Le seul point négatif, c'est le manque de temps : 35 familles à suivre, c'est beaucoup. Parfois on aimerait avoir plus de temps pour l'une ou l'autre. La charge émotionnelle peut être lourde à porter aussi : on gère le budget mais on travaille en protection de l'enfance…
Quant au salaire, il est variable – je gagne environ 1 350 euros net par mois –, avec des avantages en nature : de bonnes conditions de travail, une voiture de fonction pour mes déplacements, du matériel informatique, la mutuelle. Et, dans le cadre de la CC 66, on a des jours de congés en plus, ce qui n'est pas négligeable…
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La fiche métier délégué aux prestations familiales.
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