Elle a le verbe fluide et précis, Frédérique Kaba. Mais au-delà de la petite pointe d'accent toulousain qui colore toujours son discours, malgré plus de 20 ans de vie parisienne, ce qui retient l'attention chez cette assistante sociale de formation, aujourd'hui directrice des missions sociales de la Fondation Abbé Pierre, c'est la passion qui l'anime quand elle parle de son parcours professionnel.
C'est une conjonction de facteurs qui oriente la lycéenne des années 90 vers le travail social : une profonde sensibilité aux questions sociales alliée au besoin de travailler rapidement et à un vif intérêt pour l'apprentissage expérientiel, à travers les stages. Elle entre ainsi, en 1992, à l'Ecole régionale d'assistants de service social (Erass), intégrée au CHU de Toulouse (Haute-Garonne).
Trois ans plus tard, diplôme en poche, elle entame une carrière professionnelle qui l'emmènera de l'accompagnement à l'insertion – dans une cité gitane de transit, à Carcassonne (Aude) – jusqu'au "management de l'expertise" – à la Fondation Abbé Pierre. Le tout en suivant une trajectoire passant par l'accueil de personnes sans domicile au Centre d'action sociale protestant (CASP), par la direction d'agence à la Sonacotra (devenue Adoma depuis) et par la direction opérationnelle chez Emmaüs Solidarité (hébergement).
"C'est là que j'ai découvert le plaisir du management", se souvient-elle : "J'ai pu identifier tout ce que j'avais gagné comme compétences pendant les années précédentes et j'ai pu mettre à l'épreuve tout ce que m'avait permis de développer le travail social : l'empathie, la sensibilité, les qualités d'écoute, la reformulation, le feed back, l'encouragement…"
Des acquis qu'elle formalisera plus tard en obtenant, à Sciences Po, un master "Sociologie des organisations - Stratégie de changement".
"Les registres que j'aborde aujourd'hui sont très ouverts et très techniques, en rapport avec la loi, la construction, le portage financier, mais aussi la création d'un festival...", souligne-t-elle. "C'est fragile et intuitif mais, quand ça marche, ça produit du changement pour les personnes, dans la réappropriation de leur projet de vie, et ça, c'est fondamental pour l'assistante sociale que j'ai été".
Un métier dont elle se réclame toujours et sur lequel elle s'est appuyée pour progresser professionnellement. "Les intervenants sociaux ont une telle richesse de compréhension du monde dans lequel on vit, de compréhension des fragilités, des nuances, des pathologies, de tout ce qui fait société, que beaucoup d'entreprises seraient très inspirées de les recruter", défend-elle d'ailleurs.
Pourtant, pour nombre de travailleurs sociaux, il reste ardu de porter haut l'étendard de cette culture professionnelle, notamment en raison de formations et d'expériences mal valorisées.
"On a du mal à parler de nos métiers, à expliquer à la société civile, aux personnes qui ne sont pas du secteur, ce que nous sommes, ce que nous faisons, quelle est notre fonction, parce qu'il y a une diversité très forte d'identités et de structures, qu'il n'y a pas de 'corporation du travail social'. Alors que, finalement, nous sommes des acteurs essentiels, des acteurs-clés de la prévention du fait que des gens 'dévissent' dans la société".
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