"Il faut significativement revoir à la hausse les effectifs soignants" dans les établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad), estime la Conférence nationale des directeurs d'établissements pour personnes âgées et handicapées (Cndepah), dans une note rendue publique en janvier 2020.
Mais si "tout le monde s'accorde aujourd'hui à le reconnaître", constate l'instance, "il est désormais nécessaire de s'accorder à en définir le niveau", et c'est beaucoup moins consensuel. Rappelons que le projet de loi "Grand âge et autonomie" est toujours attendu et que l'Etat a annoncé, en février, des mesures pour rendre le métier d'aide-soignant plus attractif.
Cela dit, le plan "Solidarité grand âge" de 2006 s'était déjà fixé pour objectif, à l'horizon 2012, un ratio ambitieux d'un agent par résident pour les personnes âgées les plus dépendantes. Ratio que les pouvoirs publics n'ont jamais repris, "sauf pour en souligner l'inaccessibilité financière", regrette la Cndepah.
Plus récemment, différents rapports ont fixé différentes cibles de ratios qui "ne convergent que partiellement", déplore-t-elle, en évoquant notamment les rapports Libault ou El Khomri sur les métiers du grand âge et des études de la direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (Drees).
Cependant, si ces différents travaux "font état d'un personnel soignant très engagé et dévoué à cette noble fonction qu'est l'accompagnement de nos aînés, il est tout aussi évident aujourd'hui que [son] épuisement professionnel appelle une réponse claire et volontariste", qui passe "avant tout par un recalibrage des effectifs et par la définition de ratios soignants cibles".
Pour objectiver les temps de présence des personnels soignants jour et nuit, et les besoins en effectifs supplémentaires, l'instance a donc mené une enquête auprès de ses membres, qui représentent "un panel très diversifié d'Ehpad, sur tout le territoire de France".
Au terme de cette démarche, elle formule des propositions "assises sur une approche inédite" consistant à "faire le pont entre les effectifs constatés à ce jour, ceux attendus demain dans les établissements et leurs conséquences macro-économiques", selon son président Emmanuel Sys.
Actuellement, sont présents, en moyenne, trois soignants le matin et deux l'après-midi pour une unité de 30 lits, auxquels s'ajoutent deux agents la nuit. Avec de tels effectifs, compte tenu du nombre de places, "les ratios en personnels amènent à ce que chaque soignant accompagne environ 10 résidents" au moment de la toilette, temps important de la matinée, qui se retrouve réduit à une vingtaine de minutes par résident…
De même, l'aide aux repas, trois fois par jour, "est une mission importante et chronophage", à laquelle s'ajoutent les transmissions entre équipes, les échanges avec les familles, des fonctions d'hôtellerie, etc., qui viennent diminuer le temps direct auprès des résidents.
La Cndepah recommande donc des unités de 20 lits et une présence de trois soignants le matin et deux l'après-midi et, pour ce faire, de créer, d'ici à 2024, plus de 36 000 postes (ETP) dans les établissements publics – qui comprennent environ 300 000 places – pour un coût total d'environ 1,5 milliard d'euros par an.
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