Recruter un kinésithérapeute ? Presque un chemin de croix pour certains directeurs d'établissements médico-sociaux. "Les salaires que nous proposons dans le cadre de nos conventions collectives ne sont pas attractifs", déplore Michèle Matta, à la tête de la maison d'accueil spécialisée (MAS) et de l'établissement d'accueil médicalisé (EAM) "Les IV Seigneurs", à Montpellier (Hérault).
Or leur centaine de résidents, polyhandicapés et déficients intellectuels, présentent de nombreuses pathologies qui nécessitent des soins réguliers de kinésithérapie. "Les 36 résidents de la MAS, en fauteuil roulant, ont notamment besoin d'être verticalisés tous les jours", précise, par exemple, la directrice.
Il y a 5 ans, Michèle Matta a décidé d'embaucher ses premiers apprentis masseurs-kinésithérapeutes. "J'ai monté le dossier pour être reconnu comme un lieu de stage, tandis que les deux professionnelles en poste ont suivi la formation de tuteur", détaille-t-elle.
Deux jeunes sont actuellement en formation dans ses établissements, en deuxième et troisième année d'études. "C'est un dispositif gagnant-gagnant", observe-t-elle. "Nous les formons, ils acquièrent de l'expérience, sont rémunérés, et cela nous apporte un peu de souffle car ils peuvent pratiquer certains gestes sur les résidents."
"L'apprentissage, c'est le moyen, pour les employeurs qui ont des difficultés de recrutement, de détendre les plannings, même si les apprentis ne sont pas présents tout le temps", observe Florence Breitwieser, directrice d'un CFA "Sanitaire et social" basé dans la préfecture de l'Hérault.
Toutefois, jusqu'à présent, aucun des trois kinés formés n'est resté aux "IV Seigneurs". "Ils nous disent que nos structures peuvent les intéresser mais plus tard, pas en début de carrière", regrette Michèle Matta.
Par ailleurs, la Croix-Rouge a lancé en 2020, à Angoulême (Charente), une formation en apprentissage gratuite pour 16 futurs professionnels : après leur première année généraliste, les deux années suivantes sont financées par le conseil régional de la Nouvelle-Aquitaine, les deux dernières par les contrats. En effet, la Charente ne compte que 75 masseurs-kinésithérapeutes pour 100 000 habitants, contre 140 en moyenne dans la région, selon les chiffres 2017 de la Drees.
"L'apprentissage est un moyen de faire connaître et d'attirer les jeunes chez des employeurs, notamment du champ médico-social, en espérant qu'au terme de leur formation ils puissent y rester, même s'il n'y a aucune obligation juridique", explique Frédéric Parpeix, directeur de l'Institut de formation en masso-kinésithérapie (IFMK) de Limoges et d'Angoulême.
Mais les structures doivent pouvoir compter sur des titulaires capables d'accompagner ces jeunes, sur le terrain, ce qui n'est pas toujours le cas. "Nous souhaitons mettre en place des dispositifs, peut-être avec des libéraux, qui permettraient à plusieurs employeurs de se regrouper pour bénéficier d'un tuteur et faciliter l'apprentissage dans le secteur social et médico-social", reprend Frédéric Parpeix.
Cette offre de formation, temporaire, devrait permettre de diplômer quatre promotions, soit une soixantaine d'étudiants en tout. Que la Charente espère bien garder…
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