Diplômée en 2018, juste avant l'entrée en vigueur de la réforme du diplôme d'Etat d'éducateur spécialisé (DEES), Aurélia Lamblin-Denise, 26 ans, témoignait alors, pour Le Media Social Emploi, de sa recherche d'emploi. Début 2020, en CDD dans un institut médico-éducatif (IME) des Yvelines, elle se trouve confortée dans ses choix professionnels.
Rien ne prédisposait cette adepte du scoutisme au travail social : après un bac généraliste, elle entre en fac de théâtre, sans conviction. Mais au cours d'un séjour à Haïti, dans le cadre d'un projet humanitaire monté avec des amis, elle réalise qu'elle s'épanouit plus au contact des jeunes accompagnés que sur les bancs de l'université.
De retour en France, elle cherche à concrétiser cette intuition car, pour elle, une chose est sûre : "J'avais envie de donner du sens à ce que je faisais", raconte-t-elle aujourd'hui. Un bilan d'orientation lui fait découvrir l'éducation spécialisée, elle s'engage dans cette voie.
C'est à l'Institut de recherche et de formation à l'action sociale de l'Essonne (Irfase) qu'elle va suivre la formation au DEES, dont elle met en exergue le rôle primordial de l'alternance : "C'est en stage qu'on apprend le plus", confie-t-elle.
En remplacement dans un établissement qui accueille une soixantaine d'adolescents et jeunes adultes handicapés, âgés de 12 à 20 ans, elle y apprécie "le relationnel avec les jeunes" : "Etre un appui et un soutien pour eux dans une phase qui n'est pas facile parce qu'ils sont en pleine adolescence, avec en plus l'acceptation du handicap qui n'est pas toujours évidente".
Ces jeunes présentent en outre, de plus en plus souvent, en plus de déficiences intellectuelles, des troubles associés avec des traitements lourds pour les stabiliser et un accueil très réduit : "Au lieu de venir toute la semaine, ils ont des emplois du temps aménagés, en demi-journées".
Un défi au niveau de la prise en charge qui ne remet pas en question la motivation d'Aurélia à travailler avec ce type de public, au contraire. Consciente de ses capacités comme de ses affinités, elle privilégie ce champ au contraire, par exemple, de la grande exclusion : "Je manque d'outils pour répondre à ces problématiques sociales", estime-t-elle.
Etre capable de prendre du recul, c'est la clef, selon elle, pour composer avec un travail qui peut parfois être éprouvant : "Il faut savoir se protéger parce qu'on 'travaille de l'humain', avec des situations difficiles, donc il faut pouvoir parler de tout ça pour relâcher ce qu'on aura engrangé dans la journée".
Cet espace de parole peut être informel, en échangeant avec ses proches, par exemple, mais doit aussi être institutionnalisé, comme c'est le cas à l'IME qui organise des analyses de pratiques.
Le confinement a mis à l'épreuve la toute jeune expérience d'Aurélia : son IME ayant fermé ses portes, elle a été transférée dans un foyer de la protection de l'enfance. Ce n'était pas une première, pour elle, de travailler dans un tel cadre mais la violence des lieux l'a convaincue qu'elle n'était pas faite pour l'aide sociale à l'enfance.
"Je me suis questionnée là-dessus parce qu'il peut aussi y avoir de la violence dans le milieu du handicap – des jeunes envers eux-mêmes, les autres ou les éducateurs", analyse la jeune professionnelle, "mais l'enjeu est de comprendre les éléments déclencheurs des périodes de crise, pas de combattre la violence éducative".
En CDD, le salaire d'Aurélia, encore considérée comme débutante, dépasse à peine les 1 300 euros net par mois. "C'est le strict minimum", commente-t-elle, en espérant retrouver un autre emploi après ce CDD, pour continuer à accumuler de l'expérience.
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