L'entreprise libérée n'a pas de valeur légale comme le sont les statuts réglementaires de SARL (société à responsabilité limitée) ou de SAS (société par actions simplifiée). C'est un concept qui vise à réformer l'organisation de l'entreprise en s'appuyant sur des valeurs humaines plus que comptables.
"L'entreprise libérée est un état d'esprit", explique Muriel Le Dévéhat, gérante d'Atousages, une entreprise qui intervient dans l'aide à domicile. "Nous n'utilisons plus l'organisation de type vertical, avec le dirigeant et les exécutants. Nous ne sommes plus dans le système de délégation et de couches hiérarchiques ordonnantes avec des contrôles, des 'checks'."
L'une des conséquences de cet état d'esprit réside dans une plus grande autonomie des personnels. Chez Atousages, ce sont ainsi trois équipes de quatre à six professionnels qui prennent en charge les bénéficiaires d'un secteur donné et qui s'allouent des "rôles".
"Pour que ce soit opérationnel, il y a un rôle 'planning', un rôle 'recrutement', un rôle 'communication' et un rôle 'développement' dans chaque équipe afin que les professionnels puissent s'autogérer en lien avec l'équipe support et l'entreprise", détaille la responsable. "Ce ne sont pas des rôles hiérarchiques. En revanche, ils permettent de valoriser le métier par un enrichissement des tâches."
Sans ce modèle-là, Muriel Le Dévéhat avoue qu'elle aurait arrêté son activité : "Je ne me retrouvais plus dans mon système de valeurs. Nous étions dans l'injonction, dans quelque chose de très frustrant qui me mettait en colère. On est censé faire du bien et on se retrouve la tête dans le guidon à gérer du turnover et de l'absentéisme."
Alors que "désormais, poursuit-elle, nous sommes dans une organisation circulaire où l'on place le bénéficiaire au cœur du système et où l'on prend soin des autres : la direction prend soin de l'équipe support ; l'équipe support prend soin des intervenants ; et les intervenants prennent soin des bénéficiaires. Les intervenants savent tout de leurs bénéficiaires et ils ont à cœur de les satisfaire."
La mise en place de cette organisation n'est toutefois pas si simple : elle nécessite une prise de conscience de chaque salarié qui doit endosser une partie de la responsabilité du fonctionnement de l'équipe. Si une personne s'absente ou part en congé, elle doit s'assurer de son remplacement, par exemple, sans chef de secteur pour en décider.
"Au bout d'un an et demi, nous avons passé un cap sur le rôle de planning qui est désormais bien assuré", constate Muriel Le Dévéhat. "Sur nos trois équipes d'intervention, une seule n'avait pas un regard positif sur cette organisation. Elle s'est remise en question et j'essaie d'avancer à leur rythme en ayant des objectifs et un cadre de travail clairs."
Et la responsable d'ajouter : "Dans l'ancien système, nous passions notre temps à remplir des plannings, sans pouvoir faire notre travail social. On avait perdu le fil humain. Désormais, le rapport avec les salariés est différent. Il y a toujours du turnover mais les équipes se sont stabilisées, il y a beaucoup moins d'absentéisme."
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