Au Caarud l’Acothé, à Nantes, passe qui veut quand il veut – sur les heures d’ouverture tout de même -, pour prendre un café, discuter, simplement dire bonjour, ou bien demander du matériel, comme une seringue neuve par exemple.
Éducateur, Antoine Ruel y travaille à la réduction des risques liés à l’usage de produits psychoactifs.
"On nous taxe souvent 'd’incitateurs', mais ici, on est dans le soin. Les gens consomment quoi qu’il arrive, alors autant limiter les risques." Si un dossier peut être fait, la relation avec le Caarud n’est pas contractuelle, il n'en découle aucune obligation. "On a un peu 'le bon rôle'. On s’adapte aux personnes, c’est nous qui faisons le pas de côté. On est là pour prendre notre temps, voir avec elles comment les aider, initier des choses."
L’éducateur évoque un quotidien sans conflit avec le public reçu, des gens "dans l’urgence", souvent très précaires. Un médecin est présent une demi-journée par semaine, un vétérinaire une fois par mois, pour les compagnons à quatre pattes. Un pair-aidant aussi, c’est important.
L’espace est ouvert cinq matinées, le mardi après-midi est réservé aux femmes, un temps en non-mixité peu exploité pour le moment. "Notre rôle n’est pas de les confronter à la 'norme'. C’est ainsi qu’on peut créer une relation forte, en acceptant les personnes comme elles arrivent", résume le professionnel.
Dans les principes du Caarud, on trouve la prise en compte des "savoirs profanes" : la personne est experte d’elle-même et de ses consommations. Pas de moralisation, d’incitation ni d’obligation. "On ne félicite pas, on ne juge pas non plus. On est là pour demander 'comment toi tu vis ça ?', ou exprimer notre inquiétude. En fait, on est là simplement pour créer un cadre favorable pour ensuite aborder des sujets de fond."
Au Caarud, on maraude le vendredi après-midi, parfois avec les collègues du Samu social. Des centres d’hébergement, des associations, les médiateurs de la ville, peuvent solliciter ces travailleurs sociaux imprégnés des problématiques d’addictions.
Puis, quand le lien est établi, "à nous d’essayer de créer des opportunités pour les personnes, explique Antoine Ruel."Travail, soin, logement, partenaires sociaux... Nombre d'entre elles avancent bien. L’addictologie est une porte d’entrée vers beaucoup d’autres choses".
D’ailleurs, une demi-journée par semaine, le travailleur social est au centre de soins, d’accompagnement et de prévention en addictologie (Csapa). Ici, les personnes ont un projet et un professionnel référent.
"Il ne s’agit pas que de soin, mais de transdisciplinarité, le social, le médical, le psychologique… On va venir modifier, influencer les consommations." Une nouvelle étape.
Les articles :
– Addictologie en prison : le travail de prévention d'une éducatrice spécialisée
– Travail social : les TISF, actrices essentielles de la prévention
– Infirmière en Essip : apporter le soin aux plus précaires
– Un éducateur spécialisé référent en accueil pour grands précaires
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