"Educateur spécialisé, comment évoluer ?", s'interrogeait récemment Le Media Social Emploi, en donnant la parole à des professionnels sur des évolutions de carrière qui passent souvent par un changement de cap. Mais "on peut aussi évoluer en restant éducateur spécialisé", nous écrivait alors Sébastien Delval, éducateur spécialisé et formateur.
Lui qui dit avoir "fait l'erreur" d'évoluer en prenant du galon – il a été pendant six ans chef de service avant de redevenir éducateur spécialisé sur le terrain, en libéral dans l'agglomération de Reims (Marne) – revient sur cette expérience pleine d'enseignements. Témoignage.
Je suis diplômé depuis 2003. Après une maîtrise de psychologie, j'ai commencé ma formation au DEES en 1999, en cours d’emploi, en quatre ans au lieu de trois donc. A l'époque, je travaillais dans une association d'éducation populaire où j'étais, de fait, éducateur de rue.
Pour valider mon DEES, je suis parti travailler dans une maison d'enfants à caractère social [Mecs], où je suis resté cinq ans. Mais je voulais faire le lien, dans ma pratique, entre ma formation en psychologie clinique et mon métier. J'ai donc cherché un poste qui corresponde mieux à cette approche psycho-éducative et je l'ai trouvé dans un institut thérapeutique, éducatif et pédagogique [Itep].
Au bout de deux ans, j'ai fait l'erreur de devenir chef de service d’un semi-internat et d'un Sessad. En fait, ce n'était pas vraiment une erreur en soi – le poste était intéressant, professionnellement – mais la charge de travail était trop lourde et j'ai fait un burn out.
J'ai dû quitter l'établissement et j’en ai profité pour faire d’une idée qui me trottait dans la tête depuis plusieurs années – devenir éducateur spécialisé en libéral – un projet professionnel à part entière. Je suis donc installé depuis plus de quatre ans sous le statut d’entrepreneur individuel.
Dans le cadre institutionnel, c'est devenu très compliqué d'être innovant : rien qu'avec la procédure d'appel à projets qui s'est généralisée, c'est difficile de lancer des expérimentations originales.
En libéral, je suis indépendant et je touche des publics différents. J'accompagne des parents et des enfants de tous les âges, qui ont des difficultés relationnelles ou éducatives, en complément ou pas d'un suivi en psychothérapie ou psychomotricité.
Ça permet aussi à des familles qui n'y auraient pas accès – dans les classes moyennes ou aisées, par exemple, qui ne sont pas prioritaires pour l'accès aux services sociaux – de bénéficier de l'action d'un éducateur. Elles paient 37 euros la consultation qui se déroule au cabinet la plupart du temps ou, exceptionnellement, à domicile si besoin.
Parallèlement, je suis formateur, essentiellement sur les questions de méthodologie et d'analyse des pratiques. Ces thématiques sont souvent confiées à des psychologues alors que les éducateurs peuvent s'emparer de ces sujets, et c'est l'évolution que je souhaite, pour qu'on se fasse entendre.
Historiquement, dans les institutions, l'éducateur est considéré comme le professionnel de la vie quotidienne. L'éducateur, c'est celui qui fait, pas celui qui sait. Ça explique en partie qu'on soit si peu présents dans l'espace médiatique. Regardez ces émissions de télé qui parlent d’éducation spécialisée, par exemple, il n'y a jamais d'éducateur en plateau…
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