Frédéric Frenoy officiait il y a peu comme mandataire judiciaire à la protection des majeurs (MJPM) au sein de l'Union départementale des associations familiales (Udaf) de la Somme. Il nous raconte les coulisses de ce travail.
Je m'occupais de 70 majeurs protégés, que je devais accompagner dans toutes leurs démarches administratives, juridiques, patrimoniales. Certains étaient atteints d'un handicap mental et vivaient en foyer d'hébergement, d'autres très âgés souffraient d'une maladie neurodégénérative, les dernières connaissaient de graves difficultés liées à l'alcool, à la précarité ou à leur situation familiale.
Mon travail ? M'occuper de tous les actes qu'ils ne pouvaient prendre eux-mêmes en charge : le paiement des factures, l'ouverture de droits sociaux, la résiliation d'un bail, le renouvellement d'une aide, la déclaration de revenus…
MJPM, c'est avant tout un travail de bureau. Je consacrais 80 % de mon temps à écrire des lettres, faire des mails, passer et recevoir des appels téléphoniques. Dans ce métier, il faut être extrêmement rigoureux et organisé. Car avec 70 personnes à charge, il y a en permanence des échéances à ne pas manquer, des démarches à effectuer.
Si vous oubliez tel ou tel acte, vous pouvez mettre en grande difficulté le majeur protégé dont vous avez la charge. Et c'est vous qui devrez réparer l'erreur !
Tous les mercredis, je sillonnais mon secteur d'intervention pour visiter les majeurs protégés dont j'avais la charge. Ce contact humain, c'est très important, il y a de belles rencontres.
Mais c'est aussi souvent compliqué à vivre. Parce que certaines personnes peuvent être virulentes ou agressives. Mais surtout parce que vous côtoyez la grande vieillesse, la maladie, la précarité. Ça vous renvoie à vos propres angoisses sur l'existence, la mort, la solitude.
C'est un métier très riche, dans lequel on est confronté à toutes sortes de situations. Et on est au contact de gens aux profils très divers : des personnes âgées, de jeunes adultes, des quadragénaires en difficulté... On a de vraies responsabilités et on se sent utile : on s'occupe d'êtres humains, pas de boîtes de conserves !
Il y a aussi une vraie dimension juridique, très intéressante. Notamment quand vous êtes en relation avec le juge des tutelles. C'est un métier très formateur, qui nécessite à la fois une grande polyvalence et une grande technicité.
La principale frustration, c'est le manque de temps. On court en permanence. C'est préjudiciable car on aurait besoin de prendre du recul, de pouvoir échanger avec ses homologues sur les bonnes pratiques, les difficultés qu'on rencontre.
L'autre point noir, c'est la rémunération. A l'Udaf de la Somme, je gagnais 1 500 euros net mensuels, sur 12 mois, avec sept ans d'expérience. Et les perspectives d'évolution salariale sont limitées.
J'avais envie de faire autre chose, de ne pas me cantonner à un seul métier alors que le champ du social est très vaste. Il y a trois mois, j'ai eu l'opportunité de rejoindre un foyer d'hébergement comme conseiller en économie sociale familiale.
Aujourd'hui, je ne m'occupe plus que de quatre personnes, mais de façon intensive. J'ai moins de congés et des horaires plus contraignants mais je gagne aux alentours de 2 000 euros net par mois, en incluant les primes d'internat.
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