Les directeurs des maisons de retraite médicalisées sont confrontés à de vives difficultés en matière de recrutement. Selon une enquête de la Drees parue en juin 2018, 49 % des établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) du privé et 38 % du public ont peiné, en 2015, à pourvoir leurs postes.
Malgré une légère amélioration depuis 2011, 63 % des structures concernées fonctionnent avec au moins un poste vacant depuis six mois ou plus.
En tête des professionnels les plus compliqués à dénicher, les aides-soignants et les médecins coordonnateurs. "A la sortie de l’école, les jeunes diplômés préfèrent s’orienter vers des spécialités qui leur paraissent plus valorisantes que l’accompagnement des personnes âgées dépendantes", constate Jean-Pierre Riso, président de la Fédération nationale des associations de directeurs d’établissements et services pour personnes âgées (Fnadepa).
Les soignants tendent à privilégier le travail à l’hôpital où les actes sont réputés plus techniques et les perspectives de carrière diversifiées. En parallèle, le nombre d’inscrits au concours d’aides-soignants ne cesse de fondre. Les horaires à rallonge, la pénibilité du métier et les rémunérations proches du Smic douchent les vocations.
"Avec les entrées tardives en institution et la médicalisation forte des établissements, les soins de nursing, comme l’aide à la toilette, sont plus importants. Tout cela entraîne une plus grande usure professionnelle", analyse Richard Capmartin, président du cabinet RC Human Recruitment.
Entre une population vieillissante et l’absence de centres de formation à proximité, près de la moitié des directeurs des établissements situés dans les communes isolées pâtissent de cette pénurie de compétences.
Annonces sur les sites d’emploi, partenariats avec des écoles, rappel des stagiaires… A Nantes, la maison de retraite Saint-Joseph tente en vain de recruter aides-soignants et agents de services hospitaliers depuis février. "C’est un travail incessant. Je passe un temps fou à relancer les candidats. Le métier n’attire plus. Des personnes de notre pool de remplacement refusent même des CDI pour continuer à bénéficier des primes de congés et de précarité ainsi que d’une plus grande souplesse sur leur planning", regrette Elisabeth Renaud, responsable des ressources humaines.
Pour pallier le manque d’effectifs, elle est contrainte d’embaucher des candidats sans expérience professionnelle : "Récemment, j’ai recruté une agent de service hospitalier qualifiée pour combler un poste d’aide-soignante. C’est la seule candidature que j’avais reçue".
Ces difficultés de recrutement de personnels qualifiés tendent à dégrader davantage les conditions de travail. Avec un nombre plus élevé de personnes âgées à prendre en charge, les professionnels n’ont plus le temps d’échanger avec les résidents ni de réaliser des actes de qualité. "Cette surcharge de travail crée de la démotivation, des climats tendus et une perte de sens au travail", pointe Richard Capmartin.
Conscient que les difficultés de recrutement sont liées au turnover fréquent dans le secteur, 15 % du personnel ayant moins d’un an d’ancienneté, l’Ehpad "Les jardins de Matisse", près de Rouen, s’attache à améliorer leur qualité de vie au travail. Plannings adaptés aux contraintes familiales, groupes de paroles animés par une psychologue, organisation de l’activité avec les équipes… Pour Jean-Marc Venard, son directeur, "limiter le turnover évite d’avoir à recruter et garantit un accompagnement de qualité des résidents".
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