Avec 18 places seulement par promotion – contre une centaine pour les éducateurs spécialisés ou près de soixante pour les assistants de service social –, les techniciens de l'intervention sociale et familiale (TISF) formés à l'Institut régional du travail social de Nouvelle-Aquitaine n'ont aucun mal à trouver un emploi une fois leur diplôme en poche.
"La plupart sont embauchés sur leurs terrains de stage", observe Carole Bonneau, cadre pédagogique. "Pour les autres, comme nous sommes très sollicités par les employeurs, nous les mettons en relation".
Pour Pôle emploi, le métier de TISF n'est pas en tension. Des employeurs, pourtant, affichent un certain découragement. "Il y a peu de diplômés, et les conditions d'emploi – temps partiel, déplacements, rémunération... – ne sont pas très attractives", concède Geoffroy Verdier, directeur de l'association ADT 44, à Nantes.
Son service d'aide familiale compte 70 postes de TISF. Certains sont occupés par des éducateurs ou des assistants de service social faisant fonction. "À condition de ne pas les cantonner à des tâches d'exécution, ils peuvent y trouver leur compte. Mais ne restent jamais très longtemps pour autant".
Comment expliquer un tel manque de popularité pour ce métier ? Héritier des travailleuses familiales d'après-guerre, il pâtit d'une image vieillotte. Qui, en pratique, le cantonne dans une niche d'activité : le travail auprès des familles, à domicile, proposé par les caisses d'allocations familiales ou d'assurance maladie, ou prescrit dans le cadre de la protection de l'enfance.
Le métier n'existe d'ailleurs pas en tant que tel dans la convention collective du 15 mars 1966 (établissements et services pour personnes handicapées) mais seulement dans celle de l'aide à domicile du 21 mai 2010.
Le référentiel du diplôme d'État de TISF (DETISF) prévoit pourtant un champ d'action beaucoup plus large : des interventions "au domicile, dans l'environnement proche ou en établissement", auprès de familles mais aussi de toutes "les personnes en difficulté de vie ou en difficulté sociale, âgées, malades ou handicapées".
Les employeurs, note Carole Bonneau, en sont les premiers surpris. "Quand nous démarchons les maisons d'enfants à caractère social ou les centres d'accueil pour demandeurs d'asile pour trouver des terrains de stage, il faut toujours commencer par vendre l'étendue des compétences des TISF".
Une méconnaissance qui peut parfois conduire à des situations absurdes – comme ce centre parental privilégiant les moniteurs-éducateurs, pourtant peu formés sur la petite enfance et la parentalité – voire abusives : "J'ai vu des structures placer des TISF sur des postes de maîtresse de maison", déplore la formatrice. "C'est heureusement rare, mais ce sont des dérives qui existent".
Les nouvelles générations, observe-t-elle, ont à cœur de "défendre leur métier" et revendiquent une identité professionnelle qui n'a rien à envier aux autres métiers du travail social. Mettant en avant leurs compétences, leur parcours – souvent issu de la reconversion – et leur motivation.
"Pour passer quatre heures d'affilée au domicile d'une famille en difficulté, il faut être sacrément solide et bien armé", conclut en effet la formatrice.
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