La branche de l'aide à domicile recensait, en mars 2018, et la situation n'a fait qu'empirer depuis, quelque 300 postes d'aides-soignants à pourvoir. "Le dernier rapport de branche montre que les difficultés de recrutement ont augmenté sur ce métier", rapporte aussi Hélène Lemasson-Godin, directrice RH réseau à l'Una.
"Cela nous empêche de déployer notre activité, alors que nous avons une liste d'attente de patients", regrette Hélène Meilhac, directrice du pôle gérontologique et du service de soins infirmiers à domicile (Ssiad) de la Croix-Rouge à Sartrouville (Yvelines), où deux postes sont restés à pourvoir pendant plusieurs mois.
Cette pénurie tend à s'aggraver avec la baisse du nombre de personnes en formation : "Avant, les écoles d'aides-soignants étaient pleines, maintenant certaines menacent de fermer faute de candidats", constate Thérèse Palla, présidente de l'Union française de aides-soignants.
Le nombre de candidats aux concours aurait en effet baissé de 30 % en deux ans dans plusieurs régions, selon la Croix-Rouge française, qui gère 33 centres de formation.
Cette crise des vocations s'explique par le manque d'attractivité du métier lui-même : une rémunération proche du Smic, des conditions de travail pénibles physiquement, et une profession peu valorisée par la société.
S'y ajoutent les contraintes propres au secteur du domicile : "L'isolement de la fonction peut être un frein", reconnaît la directrice du SSIAD, "de même que le travail du dimanche, les déplacements, la coupure de milieu de journée, et le temps partiel qui est la norme".
Selon la directrice RH de l'Una, "le secteur n'est pas assez connu des diplômés et souffre de la concurrence des établissements, dont certaines dispositions conventionnelles sont plus attractives".
Pour attirer et retenir les talents, les employeurs du domicile doivent redoubler d'efforts : "Mettre à disposition des véhicules pour effectuer leur tournée, entretenir une dynamique d'équipe par un management au quotidien, accompagner jusqu'au diplôme d'aide-soignant nos auxiliaires de vie sociale (AVS) et proposer une évolution au sein du réseau Croix-Rouge", énumère Hélène Meilhac.
La société de services à la personne Alenvi, spécialisée dans l'accompagnement des personnes âgées à domicile, propose à tous ses salariés un temps plein, un salaire de 12 % supérieur à la convention collective, et une organisation du travail collaborative, inspirée des communautés de soins infirmiers "Buurtzorg" aux Pays-Bas.
"Les salariés gèrent collectivement leurs emplois du temps et les recrutements, redonner du sens et de l'initiative nous permet de recruter des profils variés, y compris des aides-soignantes attirées par la qualité des conditions de travail", explique Lucie Guyomarc'h, chargée du recrutement.
Car l'exercice à domicile présente aussi des atouts : "L'autonomie et la liberté dans le travail sont essentiels, comme de pouvoir prendre le temps, avoir des relations privilégiées avec certaines familles", confie Alexandre Dussart qui exerce depuis sept ans dans la Sarthe, et qui lâche : "Je n'aurais jamais pu travailler en établissement."
Voir les offres d'emploi Aides-soignants / AMP.
Les fiches métiers Aide-soignant et Responsable de secteur d'aide à domicile.
Les articles :
Vous trouvez cet article intéressant ? N'hésitez pas à le partager auprès de vos collègues !
Nous vous enverrons des e-mails contenant des conseils, des astuces et des tendances, ainsi que des informations sur l'entreprise et des opportunités d'emploi.