Un assistant de service social (ASS) peut travailler pour le ministère de la Justice dans trois directions distinctes : au secrétariat général, en soutien aux agents connaissant des difficultés sociales ou professionnelles ; à la protection judiciaire de la jeunesse (PJJ) ; et enfin à l’administration pénitentiaire, au sein des services pénitentiaires d’insertion et de probation (Spip).
L’entrée se fait sur concours, en plus du diplôme d’État (DE), mais faute de candidats en nombre suffisant, le ministère recrute aussi directement de nombreux contractuels. Tout comme les autres employeurs du social, l’administration pénitentiaire peine en effet à pourvoir les postes vacants.
Si les ASS sont présents de longue date au sein de l’administration pénitentiaire, leur positionnement sur un rôle d’assistant de service social est assez récent. Avec le recentrage, depuis une dizaine d’années, de la mission des conseillers pénitentiaires et de probation (CPIP) sur la "criminologie probation", dans un objectif de prévention de la récidive, les ASS ont désormais davantage la main sur l’accompagnement social.
"Selon les Spip, la représentation de l’assistante sociale cantonnée aux démarches administratives est encore parfois à déconstruire. L’enjeu est de nous inclure comme un membre de l’équipe pluridisciplinaire, en complémentarité du CPIP, en s'appuyant sur notre expertise et selon notre code de déontologie", souligne Manon Heurtin, ASS au Spip des Bouches-du-Rhône.
Les ASS sont en poste en milieu ouvert ou en milieu fermé, devant, dans ce dernier cas, "supporter d’être eux-aussi enfermés", comme le souligne Corinne Girard, cheffe du Spip de Seine-Saint-Denis et assistante sociale de formation initiale.
"En milieu fermé, on travaille à préparer à la sortie de prison, qu’il s’agisse de constituer un dossier auprès de la maison départementale des personnes handicapées (MDPH), de rechercher en logement ou de travailler sur les liens familiaux", poursuit-elle.
La personne enfermée suit également un parcours pénitentiaire - ponctué, par exemple, de périodes d'isolement - qui peut interférer avec l’accompagnement social.
En milieu ouvert, la personne est libre, tout en ayant une peine alternative à effectuer (bracelet électronique, travaux d’intérêt général (TIG)…). L’accompagnement est alors axé sur l’accès au droit commun.
"Ce public reste invisible alors qu’il est conséquent. Au Spip du 93, nous suivons ainsi environ 1 000 personnes à la maison d’arrêt (Villepinte) pour environ 5 000 en milieu ouvert", remarque Corinne Girard.
"Le public sortant de prison fait peur aux autres acteurs du social, il n’est généralement pas attendu ni même souhaité dans les structures et services, sans oublier que ces derniers sont déjà surchargés et manquent de moyens. Il n’y a pourtant pas davantage d’agressions de travailleurs sociaux en prison qu’à l’extérieur", observe Corinne Girard.
"Il faut par exemple faut batailler pour accéder à un centre médico-psychologique (CMP) alors que la personne a une obligation de soin et que la prise en charge de ce public est un levier de la lutte contre la récidive", déplore-t-elle.
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