Diplômée du diplôme d'Etat d'éducatrice spécialisée (DEES) depuis 25 ans, Morgane Léon a effectué l'essentiel de sa carrière dans une grosse association bretonne, couvrant la quasi-totalité des champs du secteur social et médico-social, à l'exception des établissements d'hébergement pour personnes âgées (Ehpa).
Elle a ainsi exercé en protection de l'enfance et, dans une moindre mesure, dans le handicap et la prévention spécialisée, avant de bifurquer vers la formation professionnelle de personnes sous main de justice.
Ce n'est donc pas par frustration mais bien par "envie de continuer à se former et à se nourrir intellectuellement" que cette travailleuse sociale aguerrie s'est engagée, en juin 2019, dans la formation au diplôme d'Etat en ingénierie sociale (DEIS), à Rouen-Canteleu (Seine-Maritime) – diplôme qu'elle doit obtenir en janvier 2022.
L'alignement des planètes semblait parfait… jusqu'à ce que la crise sanitaire vienne perturber ses plans, au printemps 2020, quelques mois après le début des cours à l'Institut régional du travail social – Institut du développement social (IRTS-IDS) de Normandie.
Heureusement pour elle, au premier confinement, notre étudiante était déjà en alternance sur un poste d'ingénierie sociale, dans une association d'environ 150 salariés, "main dans la main" avec une direction engagée dans une recherche "d'innovation" et une volonté "de faire bouger les lignes du social".
Dans ce contexte, elle s'est retrouvée confrontée à la nécessité urgente de "trouver d'autres moyens de travailler avec nos publics".
Or l'ingénierie sociale s'appuie justement sur "une vision à 360 degrés" d'une structure et de ses professionnels pour mettre toutes ses problématiques en lien et voir comment y répondre. "A nous de tirer le fil conducteur."
De manière générale, "on n'a rien lâché sur les protocoles", assure-t-elle, mais diverses solutions inédites ont dû être imaginées pour adapter l'action des services aux contraintes du moment, en fonction des publics accompagnés : multiplier les échanges, mutualiser certaines missions avec d'autres associations…
C'est tout l'intérêt du DEIS que de doter les professionnels d'outils permettant d'ouvrir une fenêtre différente sur le travail social. Car "notre domaine d'activité souffre d'un entre-soi mortifère", lâche Morgane Léon, consciente des critiques que cette remarque peut lui valoir mais qui l'assume pleinement.
"On a du mal à sortir de nos relations habituelles (les partenariats, par exemple)", poursuit-elle, "alors que les publics changent et que nous devons répondre à des vulnérabilités au pluriel, à un cumul de handicaps sociaux".
"Sur le terrain, on a encore à batailler contre ça", insiste-t-elle, "les professionnels sont frileux, ils n'osent pas toujours se démarquer", d'où l'intérêt de prendre un peu de hauteur, comme peut le faire l'ingénieur social à sa place particulière de "chef d'orchestre du travail social".
C'est d'ailleurs pour défendre ce positionnement spécifique et "penser l'ingénierie sociale" de manière très opérationnelle que la jeune femme a choisi, pour son mémoire à rendre à la fin de l'année, un sujet traitant de la transversalité, du décloisonnement.
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