C'est directement après avoir obtenu son bac ES en 2019 que la jeune femme a intégré l'Institut méditerranéen de formation et recherche en travail social (IMF), à Marseille (Bouches-du-Rhône). "Je souhaitais depuis longtemps travailler dans le secteur social, pour aider les gens", raconte Mathilde Kehayan, mais "je ne connaissais pas le panel des métiers qui existent".
Renseignements pris sur Internet, c'est le métier d'éducatrice spécialisée qui retient son attention. Loin de se contenter d'informations théoriques, elle va aussi à la rencontre de professionnels : "Je suis allée dans un foyer pour femmes maltraitées où j'ai discuté avec un éducateur spécialisé, ce qui a fini de me convaincre que c'était le métier que je voulais exercer."
Comme d'autres diplômes en travail social, le DEES, de grade licence, comprend trois ans de formation au cours desquels les étudiants suivent des cours théoriques mais sont aussi rapidement "plongés dans le bain" grâce aux périodes pratiques en établissement (huit semaines en première année, 14 en deuxième et 34 en dernière année).
"Mon stage de première année a débuté deux mois après la rentrée. Je suis intervenue en maison d'enfants à caractère social (Mecs)", raconte la future éducatrice. "Mon stage de seconde année s'est déroulé en établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes. Et le troisième dans un institut médico-éducatif (IME)."
En Mecs – un établissement qui accueille des enfants placés par un juge ou par les parents –, "je suivais des enfants de 3 à 10 ans dans leur quotidien, du matin au soir. C'est un accompagnement à la toilette, à l'école, aux devoirs, aux repas, aux rendez-vous médicaux…", détaille Mathilde Kehayan. "Je travaillais de 7 heures à 14 heures ou de 14 heures à 22 heures."
Son deuxième stage s'est déroulé en Ehpad… en 2020. "Cela a été assez complexe parce que nous étions en pleine crise sanitaire", rappelle l'étudiante. "Les résidents étaient souvent isolés, c'était un accompagnement différent. J'ai aimé le contact avec les personnes âgées. Mais j'ai toutefois eu l'impression de faire plus un travail d'animatrice que d'éducatrice."
En 2021, enfin, elle a commencé sa période pratique en IME : "J'accompagne des enfants et des adolescents dont certains ont des troubles du spectre autistique apparents, des troubles associés, voire des maladies. Là encore, c'est un accompagnement au quotidien. C'est ce que j'aime."
Ces expériences ont fait évoluer sa vision du métier : "Au début de mes études, je ne me voyais pas travailler avec des personnes en situation de handicap", confie-t-elle. "Aujourd'hui, ça me plaît énormément. Je me sens utile. J'apprends beaucoup au niveau personnel et professionnel. Désormais, j'apprécie plus ma posture professionnelle qu'à mes débuts."
Autre point sur lequel elle travaille : la prise de distance. "Nous sommes censés parvenir à mettre de la distanciation, à gérer l'affect. C'est compliqué au début d'autant que je suis assez émotive, je m'attache facilement. Il faut savoir mettre des barrières, même s'il n'est pas possible de tout laisser dans la structure quand on la quitte. Je n'arrive pas encore à le faire mais, avec l'expérience, j'y parviendrai."
Les fiches métiers.
Les articles :
– Travail social : retour sur l'expérience d'une étudiante en confinement
– Travail social : les premiers pas d'une éducatrice spécialisée
– Handicap : une éducatrice spécialisée raconte son travail en foyer
– Centre éducatif renforcé : une éduc spé dans les règles de l'art
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