On le sait : la pénurie des professionnels handicape de plus en plus le champ social et médico-social, et ce partout en France, que ce soit dans les domaines de la protection de l'enfance, du handicap ou de l'hébergement notamment.
Mais la situation semble plus problématique encore en Ile-de-France, comme le montre une étude de l'organisme Défi métiers, missionné par la Région pour explorer la question de la durée des carrières des professionnels du travail social de niveau 6 (bac +3).
Premier sujet d’inquiétude francilien : la réduction du nombre de personnes formées, pour au moins deux filières. En 2019, on compte 160 diplômés du diplôme d'État de conseiller en économie sociale et familiale (CESF), alors qu'ils étaient encore 200 en 2015 et plus de 250 les années précédentes. Pour les assistants de service social (ASS), la baisse est également importante : 420 diplômés en 2019 contre plus de 530 en 2015 et 600 en 2012.
"La baisse d’attractivité de certains diplômes d’État est d’autant plus préoccupante que les besoins en emploi des métiers qu’ils alimentent sont en augmentation", note Défi métiers, alertant aussi sur les tensions à venir sur les postes d'encadrement, puisque ce sont ces diplômés qui alimentent " en grande partie par la suite les formations supérieures de l’encadrement du social ".
L'étude de Défi métiers se penche ensuite sur la durée d'exercice, pour chacun des grands métiers du social. Les ASS ont ainsi des carrières relativement longues, entre 21 et 25 ans. Cela s’explique, en partie, par le fait qu'il s'agit souvent de fonctionnaires territoriaux, bénéficiant de la sécurité de l’emploi. La moitié des départs se font avant 54 ans. À noter que ce métier a été marqué par une croissance importante des effectifs (+ 10 % entre 2012 et 2017).
Pour les CESF, en Ile-de-France, l’âge moyen d’obtention du diplôme est de 25 ans (en 2013) et l’âge moyen de départ tourne autour de 44 ans. La durée de carrière pour les CESF serait dès lors de 15 à 19 ans en Ile-de-France. Pour catégorie de professionnels, l’âge de départ est plus précoce en région parisienne que dans le reste de la France.
Les éducateurs spécialisés (ES) sont plus de 20 000 en région francilienne. Ils interviennent en majorité dans l’hébergement social des enfants en difficulté (15 %), l’action sociale sans hébergement (9 %) et l’hébergement médicalisé d’enfants handicapés (8 %).
Ce champ professionnel est caractérisé par des départs souvent précoces : la moitié a lieu avant 42 ans. Parce que les professionnels changent de métier et/ou de région, la durée moyenne des carrières franciliennes pour les éducateurs oscille entre 13 et 17 ans. L'écart avec la moyenne nationale est de onze ans, le plus fort de tous les métiers.
Au niveau national, les abandons précoces de la carrière sont peu nombreux : avant 30 ans, on ne compte ainsi que 6% de départs. En Ile-de-France ce chiffre atteint 17%. Cela laisse à penser qu’une partie des ES formés en Ile-de-France vont exercer dans d’autres régions par la suite, où les conditions de travail sont plus attractives.
Reste la situation des éducateurs de jeunes enfants (EJE). La moyenne d’âge des sorties est seulement de 36 ans. Avec un âge moyen d’obtention du diplôme à 27 ans, les carrières durent entre 5 et 9 ans en moyenne. Souvent, les EJE quittent les crèches pour devenir assistantes maternelles, prendre des postes à responsabilités ou se reconvertir dans d’autres secteurs, comme l’enseignement.
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Pour en savoir plus : l'étude Défi métiers
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