"L’ouverture de ce poste est partie d’un constat", explique Sadek Deghima, responsable du service de prévention spécialisé Avenir des cités dans les villes de Harnes, Billy-Montigny et Sallaumines (Pas-de-Calais).
"Lors des réunions d’équipes à la sortie du covid, les éducateurs de rue nous remontaient des situations de jeunes qui n’allaient pas bien, qui étaient très anxieux. Et en parallèle, les listes d’attentes en centres médico-psychologiques (CMP) s’allongeaient. On s’est alors demandé : comment peut-on répondre à cela ?", se souvient-il.
Fin 2022, Avenir des cités répond à un appel à projet de la Direction départementale de l'emploi, du travail et des solidarités (DDETS) dans le cadre de la stratégie nationale de lutte contre la pauvreté. Objectif, créer un poste de psychologue de rue pour compléter l’équipe de quatre éducateurs spécialisés.
Après un an d’expérimentation en 2023, le poste est reconduit sur l’année 2024. La dynamique reste la même que pour la prévention spécialisée : l’aller-vers. "On va vers un public qui ne ferait pas la démarche d’aller dans un cabinet ou dans un CMP. Ce sont des jeunes qui ont besoin de proximité", relate Sadek Deghima.
Célya Moungari intègre l’équipe en février 2023, attirée par ce métier hors les murs, assez rare dans le secteur de la psychologie. Si elle peut recevoir les jeunes en entretien au bureau, la majeure partie de son travail se déroule en extérieur.
Célya accompagne ses collègues éducateurs lors de maraudes et lors de diverses activités collectives qui lui permettent de rencontrer les adolescents, de commencer à créer un lien de confiance et de repérer les jeunes en difficulté psychologique.
Un travail complémentaire à celui de ses collègues : "Il arrive que des jeunes me confient des choses qu’ils n’auraient pas dites aux éducateurs. Ils savent que je peux avoir une écoute différente de celle de leur référent éducatif habituel."
À l’inverse, certains de ses collègues atteignent parfois leurs limites dans l’accompagnement d’un jeune dont la santé mentale se détériore : ils orientent alors vers la psychologue de rue, soit en donnant directement son numéro, si le jeune se sent en capacité d’appeler, soit en invitant Célya lors d’une activité à laquelle participe le jeune, afin de créer le lien.
Son quotidien, réparti sur les trois villes d’intervention du club de prévention spécialisée (Billy-Montigny, Harnes et Sallaumines dans le Pas-de-Calais), est rythmé par l’adaptation permanente pour coller au plus près des besoins des jeunes. "Parfois, j’arrive sur une activité dans une ville et je reçois un SMS d’un jeune d’une autre ville qui me dit : 'est-ce que je peux te voir, c’est urgent.' Alors j’y vais."
En réunion d’équipe, sa présence est également très appréciée : "Elle a un regard extérieur que nous les éducateurs n’avons pas forcément. Cette pluridisciplinarité est très intéressante", se réjouit Sadek Deghima. Au vu des besoins croissants, demande a été faite d’étendre son poste, aujourd’hui à mi-temps, à 100%.
Les articles :
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