Polyhandicap : une AES à l’écoute du langage des corps

Accompagnante éducative et sociale (AES) dans un établissement accueillant des enfants et des adolescents polyhandicapés, Aurélie Rouxel raconte son quotidien.

 

La richesse de la relation

 

A 33 ans, Aurélie Rouxel parle avec passion de son quotidien d'accompagnante éducative et sociale (AES) - un métier issu de la fusion des diplômes d’État d’auxiliaire de vie sociale (DEAVS) et d’aide médico-psychologique (DEAMP) - dans un établissement pour enfants et adolescents polyhandicapés en Ille-et-Vilaine.

 

Chargée du groupe "des petits loups" (4-8 ans) mais intervenant aussi auprès des jeunes de l’internat, elle insiste sur la richesse de la relation établie avec ces publics.

 

Quitter le confort de la parole

 

Une relation qui, en raison des limitations motrices et sensorielles et de la façon différente d’être au monde de ces personnes, prend d’autres chemins que la communication verbale : c’est un regard, une mimique, un sourire, un geste à peine ébauché que l’on apprend à décoder, au fil de l’accompagnement au long cours, pour apporter une réponse adaptée à chacun.

 

Accompagner les personnes polyhandicapées oblige donc à quitter le confort de la parole pour se mettre à l’écoute du langage des corps et inventer d’autres modalités pour échanger. 

 

Repérer les détails

 

Une aventure à chaque fois singulière qui repose sur le lien de confiance qu’établit peu à peu l’accompagnante éducative et sociale avec la personne polyhandicapée, grâce au temps passé aux gestes de la vie quotidienne tels que l’aide au déplacement, la toilette, les changes, les repas…

 

"Quelqu’un qui a mal à la tête ou qui a soif ne pourra pas le verbaliser, mais on finit par bien connaître les personnes", explique Aurélie Rouxel.

 

"On est tout le temps dans l’observation, ce qui nous permet aussi de repérer certains détails. Par exemple, lors du repas, la façon dont l’enfant prend son verre, dans sa globalité ou du bout des doigts. On va alors en parler à l’ergothérapeute pour voir s’il convient d’adapter les couverts, et rendre l’enfant plus autonome".

 

Une équipe pluridisciplinaire

 

La toilette est aussi un moment important. "On va amener l’enfant à soulever son bassin et reprendre ce que lui apprend le kinésithérapeute", souligne cette "éducatrice du quotidien". Car si l’AES intervient dans la proximité, son travail s’inscrit dans le cadre d'une prise en charge pluridisciplinaire où chaque membre de l’équipe participe, de sa place, à l’éducation de l’enfant.

 

"Kiné, médecin, éducateur, AES, on travaille ensemble et on échange beaucoup", se félicite Aurélie Rouxel. Outre qu’elle participe aux réunions d’équipe, elle est associée aux activités comme la balnéothérapie, l’équithérapie, les ateliers "cuisine", "conte", les activités manuelles avec l’éducateur, le kiné ou l’ergothérapeute.

 

Trouver la bonne distance

 

Le soutien de l’équipe et de l’institution permet ainsi à l’AES de garder la "juste proximité", selon les termes d’Aurélie Rouxel, avec ces publics particulièrement attachants. La dimension affective est nécessairement présente dans la relation : c’est elle qui permet à l’enfant de se sentir en sécurité, souligne l’intervenante, mais elle ne doit pas être "enfermante".

 

Elle insiste aussi sur l’importance de la réunion hebdomadaire d’analyse des pratiques, avec une psychologue, qui permet d’aborder certains sujets comme l’aggravation de la maladie, la douleur, les régressions dans le comportement de l’enfant, la mort… Des moments lourds et difficiles à vivre, qui sont l’autre facette d’un métier basé sur la rencontre avec un autre différent mais profondément humain.

 

 

Voir les offres d'emploi AES et les offres d'emploi AMP.

 

Voir aussi

Les fiches métiers :

• Accompagnant éducatif et social - AES
• Aide médico-psychologique - AMP
• Auxiliaire de vie sociale - AVS

 

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