Quentin Chateau, 23 ans, est aide médico-psychologique (AMP) dans une maison d'accueil spécialisée (MAS) gérée par l'Association des paralysés de France (APF), à Garches (Hauts-de-Seine). Il y assiste des adultes très lourdement handicapés dans tous les actes du quotidien. Témoignage.
Je travaille depuis deux ans et demi comme aide médico-psychologique dans une maison d'accueil spécialisée qui accueille une trentaine de personnes souffrant de très lourds handicaps moteur. Certaines ont été victimes d'accidents du travail ou de la route, d'autres souffrent d'affections neurologiques évolutives.
Ce sont des gens qui ont toutes leurs capacités cérébrales, mais qui ne peuvent presque pas bouger. Certains ont même perdu l'usage de la parole, ils communiquent avec les yeux ou avec une grille de lettres.
Ces résidents ont besoin d'aide pour toutes les activités du quotidien : se laver, manger, s'asseoir, fumer, sortir… En tant qu'AMP, je les assiste dans tous ces moments. Je peux m'occuper des soins basiques liés à l'hygiène ou la prise des médicaments mais je n'ai pas le droit – au moins en théorie – de faire des pansements ou d'aspirer ceux qui ont une trachéotomie.
En complément, j'anime aussi des projets éducatifs, qui visent à préserver ou améliorer la motricité des résidents. Il peut s'agir d'activités simples, comme du chant en karaoké ou des jeux de société. Mais je participe aussi à des visites à l'extérieur, dans des lieux culturels. Actuellement, je travaille aussi sur un projet plus ambitieux de séjour de vacances en dehors de l'établissement.
J'ai choisi ce métier par passion. J'aime aider les autres, être attentif, dans la relation humaine. Bosser derrière un bureau pour faire des tâches administratives, très peu pour moi ! Mon travail est utile et il me procure plein de satisfactions.
Quand un résident fait des progrès, même minimes, en matière de motricité, on se dit qu'on sert vraiment à quelque chose. Et il se crée des liens forts avec certaines des personnes dont je m'occupe. Pendant les soins ou les activités, on discute, il arrive même qu'on rigole.
Au tout début, ça a été un choc. Travailler au contact de gens qui ne peuvent plus bouger et vont passer toute leur vie dans un fauteuil roulant, ça remue énormément. On se dit : "Ça pourrait être moi".
Pour durer dans ce métier, il faut trouver la bonne distance, prendre du recul. On doit être proche des résidents, mais pas trop non plus. On n'est pas leur ami, on est obligé de se protéger psychiquement. Quand on est AMP, on manque aussi parfois de considération, de reconnaissance. Pas de la part des personnes qu'on aide, mais du milieu professionnel.
Le social, c'est vraiment le secteur dans lequel je veux rester. Mais je n'imagine pas faire ce métier-là toute ma vie. Mon ambition, c'est de repartir rapidement en formation pour devenir aide-soignant. Ce qui me permettra d'avoir davantage d'opportunités d'évoluer dans des structures différentes. Et aussi de mieux gagner ma vie.
Actuellement, je touche entre 1 300 et 1 400 euros net par mois, en comptant les primes d'internat. Et pour ce prix-là, je travaille un week-end sur deux, avec des horaires alternés entre le matin (7 h–15 h) et le soir (13 h–21 h). Quand on est célibataire, ce n'est pas un problème mais c'est compliqué pour ceux qui ont une vie de famille.
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