Pour Eric Lacoudre, directeur de l'établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) Le Bosquet de la Mandallaz à Sillingy (Haute-Savoie), comme pour la plupart de ses collègues dans le département comme au niveau national, les difficultés de recrutement font partie de la routine.
Mais c'est à une véritable situation de crise qu'il a dû faire face à l'été 2019. "Le week-end du 31 août-1er septembre", notamment, "je prévoyais une unité entière de 28 résidents atteints de la maladie d'Alzheimer avec zéro soignant", raconte-t-il. Il fallait trouver une solution d'urgence.
Or "on est toujours tellement en tension que, dès qu'il nous manque un poste, on passe des petites annonces, on fait appel à Pôle emploi, on envoie les offres à des cabinets de recrutement…" Mais là, au cœur de l'été, rien n'y fait. Pas une candidature.
Il lance alors un appel à l'aide sur la page Facebook de l'Ehpad. "On a eu près de 5 000 partages, plus de 300 000 visites, on a atteint les médias locaux [Le Dauphiné libéré, France Bleu Haute-Savoie, NDLR] et après, ça a fait boule de neige". RMC, France Info, BFMTV... L'histoire fait le tour des réseaux.
Résultat ? "On a reçu beaucoup de candidatures", se félicite Eric Lacoudre, même si ces propositions extrêmement variées émanent parfois "de personnes pleines de bonne volonté mais pas diplômées du tout dans le secteur".
Cependant, des professionnels qualifiés font aussi partie du lot, et le directeur a pu rapidement commencer à embaucher.
Mais il est bien conscient que "c'est un feu de paille", le manque de candidatures étant chronique dans son Ehpad.
"On est tellement en pénurie de personnel qu'on a dû fermer des lits", déplore en effet Eric Lacoudre, dont l'établissement accueille 79 résidents pour 84 places.
Les cinq chambres libres lui permettent d'ailleurs d'héberger des soignants qui viennent dépanner. Mais "c'est provisoire", insiste-t-il, car "pour avoir les moyens de fonctionner, nous devons accueillir de nouveaux résidents".
Or, si la situation s'est dégradée au niveau national ces dernières années, c'est particulièrement vrai en Haute-Savoie, "ne serait-ce qu'à cause de la proximité avec la Suisse : on est à 30 km de Genève" et de ses salaires trois fois plus élevés qu'en France avec de meilleures conditions de travail, explique le directeur.
En outre, le coût de la vie, et notamment du logement, est très élevé sur le département où, enfin, la main-d'œuvre disponible est rare, en raison d'un taux de chômage très bas.
Pourtant, des solutions existent, rappelle Eric Lacoudre, qui plaide pour revaloriser les métiers du grand âge en augmentant les salaires – et donc la dotation "soins" de l'Etat, insuffisante – et en diffusant une grande campagne de communication en direction du grand public pour susciter des vocations.
Il défend aussi l'idée de "mettre en place des managers intermédiaires : des aides-soignants qui deviendraient – c'est d'ailleurs l'une des préconisations du rapport Libault – responsables d'unité ou d'étage". Avantages de cet encadrement de proximité ? Ouvrir des perspectives de carrière aux aides-soignants et coordonner le travail des moins expérimentés.
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Lire aussi l'interview d'Eric Lacoudre sur Le Media Social (accès libre).
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