C'est compliqué. Le terme revient souvent lorsqu'on interroge les employeurs du secteur social et médico-social sur le recrutement des accompagnants éducatifs et sociaux (AES). "Concrètement, je n'arrive pas à embaucher des diplômés sans passer par l'alternance", résume Amélie Burnaz, responsable de secteur dans un service d'aide à domicile de l'est de la France.
Et encore, quand les effectifs permettent d'ouvrir une session de formation : "L'an dernier, le groupe était insuffisant et la formation a bien failli ne pas avoir lieu", soupire la jeune femme.
Son cas n'est pas isolé. Depuis la fusion entre les diplômes d'Etat d'auxiliaire de vie sociale (DEAVS) et d'aide médico-psychologique (DEAMP) en 2016, le cursus d'accompagnant éducatif et social (AES) souffre d'un manque de lisibilité.
"La place et les fonctions des AVS et des AMP étaient relativement claires, les premiers au domicile, les seconds en établissement. La fusion a brouillé ces repères et le métier est mal identifié", analyse Pierre Verneuil, directeur général du centre de formation Polaris et membre du conseil d'administration de l'Unaforis. Au point d'entraîner une baisse des candidatures de l'ordre de 25 % à l'échelle nationale.
Le DEAES fournit pourtant "un bon socle commun". Mais la déclinaison en trois spécialités – accompagnement à domicile, en structure collective ou à l'éducation inclusive et à la vie ordinaire – produit une impression de cloisonnement. Comme si, malgré des stages diversifiés, le choix d'une option enfermait dans un secteur, sans perspective d'évolution.
Conséquence ? Sur fond de manque d'attractivité des métiers du domicile, "80 % des candidats préfèrent s'orienter vers un DEAES établissement", constate Amélie Burnaz.
Comment, dans ces conditions, combler les besoins de recrutement ? "Sur le court terme, tous les établissements de formation sont mobilisés", assure Pierre Verneuil. Forums des métiers, opérations séduction auprès des jeunes, sourcing intensif (démarche visant à identifier des candidats correspondant au profil recherché par l'employeur), les organismes multiplient les initiatives, notamment envers les publics en insertion ou en reconversion.
"Comme dans tous les métiers de l'aide, les hommes sont peu nombreux, mais ceux qui sautent le pas expriment un vrai épanouissement", affirme le DG de Polaris, qui rêve "d'une bonne série télévisée sur le domicile, donnant à voir la richesse des échanges".
Mais l'image ne fait pas tout. "Les AES ont de vraies compétences, et un référentiel de formation qui se rapproche de celui des moniteurs-éducateurs. On peut comprendre qu'ils attendent des conditions d'exercice à la hauteur", souligne Amélie Burnaz.
En dix ans, seules trois AES embauchées en alternance ont accepté le CDI proposé par son service à l'issue de leur formation. Difficile de fidéliser "sans moyens suffisants pour améliorer les conditions de travail et de rémunération".
Parmi les remèdes préconisés par l'Unaforis : transformer le DEAES en un diplôme de base unique, complété au fil de la vie par des modules thématiques (certifiants ou non), favoriser les passerelles vers d'autres diplômes pour fluidifier les trajectoires professionnelles, ou encore réduire les écarts de rémunération entre les conventions collectives.
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