Lors d'un entretien d'embauche, le candidat peut exprimer de manière non verbale des émotions qui seront en accord ou en contradiction avec ses propos. Le recruteur a tout intérêt à pouvoir interpréter cette attitude, conseille Martine Herrmann, analyste du langage corporel, pionnière de la "synergologie".
Cette discipline non scientifique – inventée en 1996 par un spécialiste des sciences du langage, Philippe Turchet – consiste à étudier l'expression non verbale. "Tous les gestes que nous faisons pour communiquer sont mi-conscients ou non-conscients ; les gestes précèdent le discours", explique la fondatrice de l'Agence du non-verbal.
"Quand vous recevez un candidat, regardez la dynamique gestuelle générale, la posture", recommande-t-elle. "Elle peut indiquer le niveau de stress. Bien sûr, certains arrivent à mieux le gérer que d'autres. Mais la ligne des épaules indique le niveau de tension. Si elles sont à hauteur normale, si elles sont détendues, il y a une communication fluide entre le candidat et le recruteur. Si la personne est tendue, ses épaules sont ascendantes – elles remontent –, voire toniques ou hypertoniques."
Dans ce cas, il est préférable de mettre le candidat en confiance en parlant de choses anodines : "Avez-vous trouvé facilement les bureaux ?", "Comment êtes-vous venu ?", "Voulez-vous un verre d'eau, un café ?"… "Créer du lien est un moment important pour commencer l'entretien", souligne l'analyste.
Le sourire révèle également les dispositions du candidat. "Un vrai sourire active les lèvres, les ridules en dessous des paupières inférieures. Dans ce cas-là, je souris avec mon cœur", affirme Martine Herrmann. "En revanche, s'il n'y a que des mouvements de bouche, pas d'expression positive au niveau des yeux, c'est un sourire de distanciation."
Au cours de l'entretien, identifiez la main la plus animée. "Si c'est la gauche, c'est un message d'affect, d'envie de se relier à l'interlocuteur. Je parle de moi, de mon intimité, de ce que je ressens", assure la synergologue. A l'inverse, si c'est la main droite, il faut y voir un signe de précision, de contrôle du discours.
De même, si le candidat montre plus souvent le côté gauche de son visage, c'est un signe qu'il est en lien avec vous. Si c'est le côté droit, cela peut signifier qu'il cherche à comprendre vos propos, et cela peut donner une idée des limites des compétences de l'éventuelle recrue.
La position du candidat sur sa chaise donne aussi des informations. "Si le candidat s'installe bien au fond de son siège, c'est qu'il est ancré, prêt à écouter. A l'inverse, s'il s'assoit sur le bord, cela signifie qu'il ne compte pas rester", relève Martine Herrmann. Enfin, "quand une personne est gênée ou surprise par une question, elle va se dandiner, bouger sur son siège", poursuit-elle, ce qui permet au recruteur d'identifier que le candidat est destabilisé par la question et d'en poser d'autres pour affiner son jugement.
"Ce qui est observé permet au recruteur de modifier son questionnement. Cela amène à des échanges plus personnalisés, plus pointus, et permet de mieux comprendre le profil du candidat", conclut la synergologue.
Les fiches métiers.
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