À l’image des conseillers en mission locale, les "référents justice" de ces mêmes structures présentent des profils très variés. Généralement, ils se spécialisent sur ce poste après une expérience de conseiller généraliste.
Julien Chemin est référent justice à la mission locale de l’agglomération rouennaise "après être passé par le secteur de la prévention spécialisée et avoir été formé comme conseiller à Pôle emploi". Yves Brun, à Grasse, venu du secteur de l’animation sportive, a quant à lui découvert le poste à la faveur d’un remplacement après plusieurs années en mission locale.
Le référent justice consacre environ la moitié de son temps à aller visiter les jeunes incarcérés. Il les aide à bâtir leur projet de sortie, qu’il s’agisse de formation, d’emploi ou encore de logement. Il les accompagne également à l’extérieur, par exemple dans le cadre d’un aménagement de peine.
Le reste de son temps est dédié aux partenariats à nouer pour élaborer des solutions d’insertion, comme de sensibiliser des employeurs à l’accueil de ce public spécifique.
Julien Chemin ne se lasse pas de sa mission car "elle est très variée de par les problématiques abordées, et basée sur un accompagnement renforcé".
Tout aussi impliqué, Yves Brun insiste sur la part de travail psychologique à engager : "Il faut être formé aux techniques d’entretien pour parvenir à un discours de vérité avec le jeune, réfléchir avec lui aux causes de son enfermement et le mobiliser pour prendre un nouveau départ".
En intervenant en milieu fermé, le référent doit faire avec le temps de la justice, "qui n’est pas sur le même tempo que celui de l’accompagnement. Une décision de justice peut venir remettre en question les étapes du parcours que l’on avait prévues pour le jeune", précise Julien Chemin.
Autre complexité : se positionner face aux professionnels de la pénitentiaire, dont les surveillants. "Il faut faire avec toute une organisation dont on ne fait pas partie tout en affirmant, avec diplomatie, sa place", complète Yves Brun.
"En prison, j’ai… seulement mon stylo !", souligne Julien Chemin. Pas de téléphone pour prendre un rendez-vous, pas d’ordinateur pour explorer le contenu d’un dispositif.
Ce qui fait dire à Yves Brun que ce poste est "plutôt pour un conseiller aguerri et avec un solide réseau, quelqu’un qui a tout en tête".
Pour consolider cette spécialité, l’Union nationale des missions locales (UNML) a coconstruit avec l’École nationale de l’administration pénitentiaire (Enap) une formation, inaugurée en 2023, visant à rapprocher conseillers, professionnels des services pénitentiaires d'insertion et de probation (Spip) et de l’administration pénitentiaire, et à présenter les dernières réformes du système carcéral.
Par ailleurs, les conseillers s’organisent en réseau afin de créer des passerelles entre missions locales, chacun ayant à accompagner des jeunes originaires de toute la France. Enfin, l’UNML annonce la sortie, pour début 2024, d’un "Guide Justice" à destination des référents justice.
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