Esthéticienne en institut pendant une quinzaine d’années, Lucie Cueff a rapidement pensé à sa reconversion en socio-esthéticienne mais se trouvait "trop jeune". "Je me disais qu’il fallait acquérir pas mal d’expérience avant. Dans notre métier, on touche à la pudeur, à l’intimité. Ce n’est pas rien."
La professionnelle a donc eu envie d’aller au-delà du "paraître", pour travailler le psychisme, l’estime de soi, la confiance, "l’image de toi pour toi, pas seulement celle que tu renvoies à l’autre".
Diplôme de socio-esthétique en poche, elle intervient depuis 9 ans auprès de personnes en situation de handicap, à la Ligue contre le cancer, en protection de l’enfance et à l’hôpital, où elle propose également un atelier à destination des soignants.
Forte d’un excellent relationnel, Lucie Cueff reconnaît une véritable appétence pour ces publics. "J’aime soulager les gens en souffrance. Je peux aider en amenant une forme de libération des émotions. Mon intervention est considérée comme un moment de bien-être et de plaisir."
Mais si son intervention représente un souffle, une bouffée d’air dans un parcours ou un quotidien difficile, elle implique aussi une confrontation de plein fouet avec la souffrance. À l’hôpital, confrontée à la maladie et la mort, Lucie Cueff doit parfois accueillir les larmes des patients. Des pleurs qui surviennent aussi "simplement parce que jes considère en tant que personnes, et non plus juste en tant que malades".
Être socioesthéticienne nécessite une vie personnelle sereine, d'être solide sur ses appuis. "Il ne faut pas avoir soi-même de carences pour faire ce boulot, insiste-t-elle. Il faut être équilibrée et bien installée, au plus profond de soi. Savoir où on peut aller, et ce qu’on peut donner".
Ses dernières années en institut étaient pour elle "purement alimentaires". La socioesthétique l’a sortie de sa torpeur professionnelle. Aujourd’hui, elle s’anime à la seule mention de son "métier passion".
"Passer d’un lieu à un autre, d’un public à un autre, demande une adaptabilité permanente, une approche différente dans le toucher, le lien, et nécessite en permanence de sortir de sa zone de confort."
Ce soin doux et apaisant, sur des peaux parfois meurtries, lacérées, abîmées, greffées, cet accompagnement à la réappropriation de son corps, mériterait selon Lucie Cueff une autre appellation.
"On n’a même pas de dénomination à la chambre des métiers", s’insurge celle qui est aussi vice-présidente du Comité de socioesthétique (CoSE), qui vise à promouvoir et défendre ce métier encore trop méconnu. "Je préférerais que l’on mette en avant une approche thérapeutique globale du corps", résume-t-elle.
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