Après avoir exercé plusieurs années comme éducateur spécialisé en libéral, Grégory Fidile dirige aujourd'hui le réseau national Humacitia, qui forme les travailleurs sociaux à l'entrepreneuriat social et propose un annuaire de professionnels indépendants certifiés. Voici ses conseils pour se lancer.
Si les travailleurs sociaux connaissent bien leur cœur de métier, ils ne savent généralement pas grand-chose de l'entrepreneuriat. Il est donc fondamental qu'ils se forment à la création et à la conduite d'entreprise.
La formation permet notamment de bien construire son projet et de se poser les bonnes questions : quels sont les besoins identifiés ? Comment vais-je y répondre ? Quels types de prestations puis-je proposer compte tenu de mon expérience, de mon savoir-faire… ? Où vais-je exercer (cabinet, domicile des familles) ? Quel modèle financier choisir compte tenu de mon niveau de vie ? Etc.
Il n'y a pas de forme juridique idéale, tout dépend de son projet au regard de sa situation personnelle (patrimoniale, matrimoniale…). Le statut de micro-entrepreneur est souvent choisi car il est facile d'accès et permet de bénéficier d'une franchise de TVA mais il faut être vigilant sur les conséquences de ce choix : si l'activité se développe, elle pourra être assujettie à la TVA et il n'est pas certain que les clients acceptent une augmentation de 20 % des tarifs.
Je déconseille le recours au CESU. Ce statut salarié du particulier-employeur pose en effet plusieurs questions éthiques et déontologiques : principalement parce que c'est au professionnel d'assumer entièrement la responsabilité de la prestation et non à la famille. Ensuite parce que la relation salarié/employeur ne me paraît pas adaptée à l'accompagnement éducatif ou social.
Chaque professionnel fixe ses tarifs librement mais les retours d'expérience nous permettent d'avoir quelques données quantifiables : les travailleurs sociaux en libéral facturent rarement plus de 20 heures d'accompagnement par semaine, en raison des temps annexes non facturables de préparation, de déplacements et de gestion de l'entreprise.
Compte tenu par ailleurs de la baisse d'activité pendant les vacances scolaires ainsi que des diverses charges et impôts, il faudra facturer au moins 30 € de l'heure pour atteindre un revenu net de 1 500 € par mois. Au-delà de 50 €, le tarif risque de devenir prohibitif.
Mais ce qui conditionne réellement le prix des prestations proposées, c'est le volume d'activité : si le professionnel établit des forfaits d'accompagnement (demi-journée, semaine…) il peut diminuer le coût du tarif horaire.
Pour créer puis développer son activité, la communication est essentielle. Mais les professionnels commettent souvent l'erreur de vouloir informer tous les partenaires potentiels de l'existence de leurs services.
Cette stratégie est une perte de temps, car ce ne sont pas quelques cartes de visite ou flyers qui vont mettre en confiance les personnes à qui l'on s'adresse. Il est préférable de proposer ses prestations par le biais de son réseau local, composé de gens qui nous connaissent et qui seront plus à même d'en parler autour d'eux.
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