L'intervention sociale auprès de personnes à la rue ? "Une course de fond", résume Moussa Djimera, responsable de deux services de maraudes parisiennes pour l'association Aurore.
"Quand vous échangez avec une personne, que vous engagez un accompagnement social avec elle, vous n'êtes pas sûr de la revoir même si vous la suivez depuis plusieurs années. Il y a des périodes de coupure, c'est un éternel recommencement".
Pour ce professionnel, la spécificité du travail de maraude s'appréhende avant tout grâce à l'expérience de terrain, y compris pour les travailleurs sociaux de formation.
"Au sein d'une structure, les démarches sont un peu plus faciles à mener, que ce soit pour les papiers, pour savoir si l'accès aux droits est ouvert, fixer un rendez-vous… En maraude, il faut arriver à reconstituer son bureau dans la rue, dans sa tête. Cela ne s'improvise pas".
Mais cela peut-il s'apprendre ? "Dans les formations [en travail social], tout ce que l'on fait dans la rue n'apparaît pas ou très peu", constate Moussa Djimera, qui suggère : "On pourrait imaginer créer un module 'travail social de rue'".
C'est dans cet esprit que l'université d'Evry (Essonne) propose, depuis 2017, en partenariat avec la Croix-Rouge française, une formation de technicien d'intervention d'urgence sociale mobile – maraudeurs, validée par un diplôme universitaire (DU).
Un cursus encore peu connu du monde de l'urgence sociale, même si cette démarche de professionnalisation répond à un vrai besoin, estime Guillaume Cheruy, chargé de mission veille sociale/hébergement à la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS).
En particulier, parce que "les publics à la rue ont évolué, se sont diversifiés et qu'il y a plusieurs manières de les approcher, de les accompagner selon les profils", explique-t-il.
C'est pourquoi la FAS a coconstruit, avec la Fédération nationale des samus sociaux (FNSS), un référentiel de missions et d'évaluation – maraudes et samus sociaux, publié en octobre 2018, sous la houlette du ministère de la Cohésion des territoires.
Un outil destiné autant aux équipes de maraudes professionnelles que bénévoles qui "ne disposaient pas de support pour mener leur travail sur le terrain, notamment en ce qui concerne 'l'aller vers'", relève Guillaume Cheruy.
"L'objectif était de donner un cadre à des personnes qui s'engagent pour la première fois dans ce genre d'actions", souligne par ailleurs Maud Bigot, administratrice de la FNSS et chef de service du Samu social de Lyon.
"Mais aussi d'avoir un document de référence pour les professionnels, qui puisse servir de base à l'évaluation interne des services, en ayant des indicateurs comme il en existe pour les CHRS", les centres d'hébergement et de réinsertion sociale, par exemple.
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