Métier essentiel, métier du lien, métier d’avenir : voilà les trois axes sur lesquels ont réfléchi une soixantaine de professionnels réunis à Roubaix, le 14 juin, à l'initiative de la FNAAFP/CSF et de deux associations (l’Afad Roubaix-Tourcoing-Vallée de la Lys et le groupement d’employeurs Galia), lors d'une matinée consacrée aux techniciennes de l’intervention sociale et familiale (TISF).
Le métier de technicienne de l'intervention sociale et familiale n’est pas nouveau. Son origine remonte au XIXème, lorsque les premières travailleuses familiales, sous égide religieuse, commencent à intervenir auprès des familles en fragilité pour les accompagner dans les tâches de la vie quotidienne.
De cet héritage lointain persiste une connotation légèrement ancienne, sinon vieillotte, du métier. Nombreuses sont les TISF déplorant le fait que les collègues du secteur médico-social peinent à reconnaître les évolutions du métier. "Certains nous appelle encore les repasseuses", sourit Valérie Taclet, TISF dans le Nord de la France, pointant ceux qui voudraient les cantonner aux tâches ménagères.
Pourtant, le métier a grandement évolué. Partageant un tronc commun de formation avec les filières de l’éducation spécialisée et de l’assistance de service social, les TISF sont aujourd’hui des travailleuses sociales comme les autres.
Elles conservent bien évidemment leurs spécificités : le temps long des interventions, avec des plages horaires de quatre heures à domicile, la formation particulière à la petite enfance pour accompagner les jeunes parents, etc.
Mais elles doivent, comme leurs collègues du secteur social, gérer l’équilibre délicat nécessaire à l’intervention dans les familles : se faire accepter, conseiller sans juger, travailler "avec" et non "pour".
Ce qui nécessite des compétences bien supérieures aux seuls savoir-faire techniques liés aux tâches domestiques : "C’est un travail qui nécessite humilité écoute, observation, valorisation", pointe Jean-Paul Carpentier, vice-président du pôle Handicap à la Sauvegarde du Nord.
Aujourd’hui, signe d’une reconnaissance progressive, elles sont de plus en plus sollicitées. Les diplômées sont engagées dès l’issue de leur formation, le secteur peine parfois à recruter.
Leur place dans la chaîne de la protection de l’enfance se précise, notamment en amont des décisions judiciaires : "Certaines TISF nous disent : 'on arrive trop tard', soit une fois qu’une mesure du juge des enfants a été prise, indique Sandrine Dautigny, coordonnatrice du comité local du travail social au département du Nord. "Notre cœur d’action, c’est la prévention", rappelle-t-elle.
François Edouard, vice-président de la FNAAFP, abonde : "On a du mal, en France, à être dans la prévention. On va reprendre ce qui a été cassé, démoli, plutôt que d’intervenir en amont. Nous défendons beaucoup la prévention en périnatalité car nous pensons qu’au moment de la naissance on peut prévenir de nombreuses difficultés. Nous militons pour que l’accompagnement à la naissance soit un droit légal, plus seulement associé à l’action sociale."
Reconnaitre ce droit à être accompagné pour toutes et tous participerait probablement, en rebond, à une meilleure (re)connaissance du métier de TISF et de ses spécificités.
Les articles :
– TISF : "C'est un métier de petits pas et de petits gestes"
– TISF en centre parental : épauler les familles au quotidien
– Les TISF, des travailleurs sociaux qui gagnent à être (re)connus
– Travail social : le rôle des TISF auprès des jeunes mères
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