Drôle d'année qui a bouleversé les plans et le calendrier des étudiants en travail social. Pour certains, cette période a même été l'occasion d'une véritable remise en question.
A 25 ans, Manon était en dernière année de formation au diplôme d'Etat d'éducateur spécialisé (DEES), à l'Institut régional du travail social (IRTS) de Paris-Parmentier, quand a été déclarée la crise sanitaire liée à la pandémie de covid 19.
Pendant le confinement, elle a prêté main forte aux professionnels du secteur social, en assurant des missions d'intérim en maison d'enfants à caractère social (Mecs), en foyer d'accueil médicalisé (FAM) et en centre d'hébergement d'urgence (CHU).
Outre la difficulté de missions de courte durée nécessitant de s'adapter très vite à des conditions de travail très différentes, elle a eu du mal à affronter cette réalité : "J'intervenais sans masque, sans gants, je devais donc éviter les contacts, ce qui ne facilitait pas l'entrée en relation".
Les missions en Mecs se sont pourtant bien passées : "On me confiait un petit groupe d'enfants et je faisais un atelier cuisine, du sport, du soutien scolaire", raconte-t-elle. "Il y avait un cadre éducatif, du matériel, de l'espace, bref des conditions normales, telles qu'enseignées en formation, donc j'étais bien préparée".
Mais l'expérience a été moins heureuse dans les structures pour adultes : "Là, on ne me demandait aucun accompagnement, seulement d'assurer une présence, de rester dans un bureau", déplore Manon. "En FAM, les résidents étaient dans leur chambre ; en CHU, ils avaient des demandes mais toutes les démarches administratives étaient gelées, les gens étaient déprimés et on ne pouvait rien leur proposer".
Sans se démotiver, l'étudiante a tenté de mettre en place des activités. "J'ai organisé des ateliers CV, des groupes de parole avec les mères pour apaiser les tensions familiales, du soutien scolaire avec les enfants, des activités créatives".
Mais elle reste assez amère quant aux conditions de travail en CHU : "On nous a fait intervenir dans des structures dépourvues de tout, il n'y avait pas de support éducatif, aucun matériel, pas de jouets ni d'espace pour les enfants, les résidents n'avaient même pas de savon".
Manon était pourtant aguerrie à un cadre équivalent puisque, n'ayant plus que son mémoire à valider, elle travaillait déjà dans un CHU en début d'année pour payer ses études. Mais, pour elle, "la formation d'éducateur ne nous prépare pas à travailler dans un contexte d'urgence, dans des structures qui ne sont pas pensées pour ça, et sans aucun moyen".
Elle estime en particulier que "le travail éducatif avec les adultes est très peu abordé, de même que l'exclusion, alors que les emplois dans ce secteur sont nombreux ! J'ai tout appris sur le terrain, heureusement que j'avais une expérience d'auxiliaire de vie, c'est ce qui m'a le plus servi". Du coup, elle souhaite continuer à se former, "par exemple sur le droit des étrangers, pour avoir une vraie base".
Pour l'instant, après avoir obtenu son DEES, elle a commencé à travailler, cet été, en CDD dans un IME, avant de postuler dans une Mecs où elle espère décrocher un emploi après entretien.
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