Travailler auprès de jeunes autistes : quelle formation ?

Si l’on manque de données sur les travailleurs sociaux intervenant auprès de jeunes autistes, une chose est sûre : la formation n’est pas à la hauteur des enjeux.

 

Un manque de formations

 

"J’ai envie de travailler auprès des personnes autistes. Quels conseils pourriez-vous me donner ?" Ce type de demande, l’association Autisme France en reçoit très régulièrement. Et sa présidente, Danièle Langloys, ne mâche pas ses mots.

 

"Nous ne savons pas très bien quoi leur répondre car il n’y a pas de formation digne de ce nom. Il existe bien la licence pro de l’université de Paris Descartes 'Accompagnant de personnes avec autisme', mais c’est à peu près tout. Pour les travailleurs sociaux, la formation initiale est complètement à côté de la plaque et les nouveaux référentiels n’ont rien changé".

 

Multiplier les méthodes 

 

Il est vrai que les diplômes en travail social ne préparent pas suffisamment à la spécificité de l’autisme. "En tant qu’éducateur spécialisé, nous sommes formés pour intervenir dans des secteurs extrêmement variés, la prévention spécialisée, la protection de l’enfance, le handicap...", confirme Stéphanie Barbier qui travaille depuis dix ans dans un IME accueillant des enfants autistes en Moselle. Ce n’est qu’une fois son DEES obtenu qu’elle a suivi des formations spécifiques (Pecs, ABA, formations sur les troubles du comportement, et bientôt l’apprentissage de la langue des signes).

 

"L’important, quand on travaille dans le domaine de l’autisme, c’est d’être curieux. Il est essentiel d’être ouvert et de ne pas s’enfermer dans une seule méthode car l’une peut fonctionner avec tel enfant mais pas avec un autre. Il faut se montrer réactif et créatif, savoir s’adapter, et aussi être capable de se remettre en question. C’est un domaine où les progrès se mesurent sur le long terme", souligne l’éducatrice.

 

Bientôt une nouvelle certification ?

 

Pour Danièle Langloys, présidente d’Autisme France, la formation continue est essentielle si elle s’accompagne de supervision : "Suivre un cours théorique ne suffit pas, les travailleurs sociaux doivent pouvoir bénéficier d’un suivi sur le terrain pour pouvoir mettre en pratique derrière. Certains centres de ressources autisme dispensent des formations, comme le CRA d’Auvergne-Rhône-Alpes par exemple, où un éducateur spécialisé accompagne les professionnels en difficulté".

La présidente d’Autisme France garde aussi l’espoir que la certification professionnelle dédiée à l’autisme, conçue lors du Plan autisme 3 et validée en commission professionnelle consultative (CPC), soit (enfin) mise en œuvre courant 2019. Elle s’adresserait à l’ensemble des travailleurs sociaux (niveau I, II et III).

 

Des modes d'exercice variés

 

Aujourd’hui, et malgré la stratégie nationale pour l’autisme présentée en avril dernier par le gouvernement, les données sur les modalités d’accompagnement manquent.

 

Avec 29 100 personnes de moins de 20 ans avec autisme accompagnés par les ESMS (sur une estimation de 100 000), les modes d’exercice des travailleurs sociaux peuvent être variés : il y a bien sûr les structures spécialisées (IME, Sessad), les centres dédiés au repérage, à l’orientation et au diagnostic (CRA, CAMSP, CMP, CMPP), les nouveaux pôles de compétences et de prestations externalisés (PCPE), mais aussi l’exercice en libéral qui se développe beaucoup, notamment chez les éducateurs spécialisés, malgré les difficultés de financement que ce statut soulève.

 

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