Si 58 % des employeurs adhérents à l'association Objectif emploi des travailleurs handicapés (OETH) estiment qu’embaucher une personne en situation de handicap est facile, 82 % considèrent que toutes les fonctions ne peuvent leur être accessibles. À raison. Il existe effectivement quelques impossibilités? Mais elles sont rares.
"Une personne non-voyante ne peut pas devenir infirmière, par exemple, car elle ne peut pas répondre à au moins une des compétences professionnelles attendues (la prescription médicamenteuse). Une personne malvoyante, par contre, peut exercer ce même métier car des compensations sont possibles. Il y a donc des nuances à apporter", explique Patrice Thuaud, directeur du pôle métiers du soin au centre de rééducation et d’insertion professionnelle (Crip) de l’Ugecam à Montpellier.
Tout dépend du référentiel du diplôme visé, de l’environnement de travail, des possibilités d’adaptation du poste et des compensations mises en place. Bref, du cas par cas.
Le directeur général d’OETH, Pierre-Marie Lasbleis, comprend les hésitations des employeurs : "Ils peuvent se dire : 'chaque année, je suis contraint de licencier des personnes pour inaptitude et dans le même temps, on me demande d’embaucher des personnes handicapées. N’est-ce pas prendre un risque ? Est-ce bien raisonnable ?' "
"Penser qu’embaucher une personne handicapée, c’est prendre un risque, c’est penser qu’elle a moins de capacités que les autres, ce qui n’est pas vrai, répond Patrice Thuaud. Dans nos formations, nous avons par exemple accompagné une aide-soignante déclarée inapte vers un poste d’infirmière. Tout simplement car les compétences attendues ne sont pas les mêmes. Beaucoup d’employeurs auraient le réflexe de réorienter un tel salarié en tant qu’agent d’accueil." À tort, donc.
Les préjugés sont particulièrement tenaces à l’égard des personnes atteintes de troubles psychiques. "J’ai moi-même évolué sur cette question", témoigne Grégory Abramovitch, responsable du dispositif Oasis Handicap à l’institut régional du travail social (IRTS) Ile-de-France.
Pour lui, "à condition que les troubles soient stabilisés, il y a des personnes qui ont de magnifiques parcours et qui apportent beaucoup sur le terrain. Elles ont une écoute particulière, une délicatesse dans l’accompagnement. C’est une richesse incroyable pour les équipes mais aussi pour les personnes accompagnées. Elles voient qu’il est possible de passer de l’autre côté de la barrière, et d’aider les autres. Ce qui est énorme."
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