Vivre le confinement dans une maison avec jardin n'a pas produit les mêmes effets sur ses habitants qu'une chambre de 9 m2 ou un appartement suroccupé. "La crise sanitaire [a montré] à quel point il est important que les personnes aient accès à un logement décent, notamment en matière d'espace", martèle Marion Toutain.
A 32 ans, cette éducatrice spécialisée de formation exerce le métier de "coordinatrice logement" au sein de la résidence Catherine-Booth, un centre d'hébergement et de réinsertion sociale (CHRS) de l'Armée du salut, situé dans le 11e arrondissement de Paris et proposant 113 places à des personnes sans domicile, hommes, femmes, seules ou en couple, avec ou sans enfants.
Cette fonction y a été créée en février 2018, dans le cadre de la politique du "logement d'abord", afin d'accompagner l'accès au logement des personnes hébergées. "Une mission majeure du CHRS", particulièrement sensible dans un marché parisien sous tension.
Marion Toutain travaille au quotidien auprès des travailleurs sociaux et des résidents du lieu. "J'interviens auprès des sept professionnels de l'équipe sociale et éducative - des éducateurs spécialisés et une TISF [technicienne de l'intervention sociale et familiale]", détaille-t-elle, "pour transmettre les informations sur les dispositifs d'accès au logement en Ile-de-France et pour créer des outils facilitant leur travail d'accompagnement".
Mais elle intervient aussi à l'extérieur de la structure, en développant des relations avec les institutions et autres acteurs du relogement implantés sur le territoire tels que le service intégré d'accueil et d'orientation (SIAO), le logement intermédiaire, etc.
"Nous participons, par exemple, aux commissions de désignation des logements sociaux de la mairie du 11e", indique-t-elle. "Nous ne sommes pas décisionnaires, mais cela nous permet de comprendre comment la mairie travaille, présélectionne les dossiers, fait ses choix".
Pour devenir coordinatrice logement, l'éducatrice spécialisée s'est formée sur le tas, en assistant à des séminaires et des conférences lui permettant de découvrir le maquis des dispositifs existants et des lois régissant le secteur.
"A la création de ce poste, j'ai mis un certain temps à m'y retrouver et j'apprends encore des choses", reconnaît-elle. Ce nouveau métier – qui se développe dans les CHRS avec des salaires se situant au niveau de ceux des éducateurs spécialisés, entre 1 825 euros et 2 830 euros environ en fin de carrière – nécessite des capacités d'écoute, d'organisation et de communication.
"C'est un travail divers et vraiment riche", souligne Marion Toutain. "La partie coordination est particulièrement intéressante, d'autant plus que l'équipe est très réactive. Et, en même temps, je garde le contact avec les résidents".
Est-ce qu'elle rencontre des difficultés ? "Oui", admet-elle, "la principale, c'est l'écart entre le logement que les personnes désirent, de manière légitime, après des années d'attente – comme, par exemple, avoir une chambre et un salon –, et la réalité du parc locatif en Ile-de-France où le nombre de logements pour très faibles revenus est extrêmement limité". Un défi qu'il faut relever tous les jours...
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